L’Émergence de
L’Anéantisseur
Volume I
De la Série :
La Clef de la Création
De
M.D Bushnell & A.R. Voss
Traduit de l’Anglais
Par
Christian-Adam Ribeiraud
Ce livre est dédié à ma femme, Carrie, sans qui je ne
serais pas moi.
A.R. Voss
Je dédie ce livre à
ma Mère Kathryn, à qui je dois tout ce que je suis. Son Amour et son soutien
m’ont porté au travers des pires moments ; une dette que je ne pourrai
jamais rembourser. Je ne peux le dire assez… Je t’aime Maman !
M.D. Bushnell
Prologue
Les rayons brillants du
soleil couchant projetaient de longues
ombres pénétrantes, sur les cimes
enneigées des montagnes de Kalligros. L’obscurité se nichait parmi les tours et
les toits coniques de l’immense cité qui s’étalait aux pieds de ces Béhémoths,
géants de pierre assoupis. Recouverte par les grandissantes pointes élongées
des ombres, il était difficile de dire où finissait la Grande Cité de Kishen et
où commençait la chaine protectrice des montagnes.
Servant de Capitale à Illyria,
Kishen était la frontière nord du monde connu. Personne, de mémoire d’homme, ne
s’était aventuré au delà des imposants sommets enneigés du Nord ; ils étaient
impassables. L’endroit et la hauteur de ces gigantesques, monolithiques
gardiens nordiques, maintenaient le plus haut d’entre eux enfoui dans un hiver éternel.
Au sud de Kishen, se trouvait une
vaste étendue de champs de prairie de toundra. De longues herbes, se
balançaient en un va-et-vient incessant, en une danse ondulante menée par le
vent froid et persistant qui hurlait le long de sa descente des sommets environnants.
Il y avait un soupçon de Printemps dans l’air, mais ici, si loin au Nord, la
poigne de fer de l’hiver serrait encore tenacement le pays.
L’après-midi tardif se fondit dans
le soir alors que l’obscurité grandissante déplaçait lentement la lumière
mourante du jour. Les plaines qui menaient à la Cité étaient silencieuses,
excepté le sifflement du vent glacial du Nord et le cri solitaire de
l’appel d’un oiseau.
Un soudain tonnerre de sabots le
long de la route poussiéreuse qui menait jusqu'à la Cité, rompit la paix du
soir naissant. Un petit groupe de cavaliers, leurs armures et équipement
cliquetant au galop, ramenèrent leurs chevaux au pas à l’approche des portes
massives de la ville.
Un cavalier se détacha du groupe
et tendit au chef des gardiens de la porte de la ville, un parchemin plié,
tandis que les autres stoppèrent leurs montures épuisées. La lumière
faiblissant , le garde eut du mal à lire les ordres. Apparemment
satisfait, il rendit le parchemin au cavalier en hochant la tête.
« Le rassemblement est dans
le Grand Hall », dit le garde, leur faisant signe de passer.
Le chef des cavaliers, hocha
simplement de la tête et replia le parchemin, le remettant dans une poche
intérieure. Reprenant les rênes, il incita son cheval à passer la porte de la
ville sans un mot, suivi de près par ses compagnons montés.
Le garde marcha péniblement
jusqu'à sa petite loge de gardien en marmonnant une injure, tapant des pieds
pour les réchauffer de l’air glacial de la nuit. Il s’immobilisa quand il
aperçut un individu, grand et dégingandé, bondir hors du chemin des chevaux au
trot. Reconnaissant le maladroit personnage, son ami Warren, il se précipita
pour lui venir en aide.
« Tu es devenu fou ? Au
nom de l’Omni-Père, qu’est-ce que tu fous ? »
Avec un sourire penaud, Warren
accepta la main tendue. « Oui Dathan, tu me l’as déjà dis. Mais cette fois
ci, ce n’était pas ma faute. Ces chevaux sont apparus de nulle
part ! »
Warren se leva et brossa
futilement la boue de son pantalon, et secoua la tête.
« Honnêtement ! Pas de ma faute ! »
Dathan pointa un doigt à Warren et
dit en grondant d’un ton moqueur : « Si tu avais été piétiné par ces
foutus chevaux, peu importerait de qui était la faute, non ? »
Le
visage de Warren s’ouvrit d’un sourire en coin. « Je sais, je devrais
faire plus attention. »
Dathan
soupira et grommela une injure. « Qu’est-ce que tu fous là de toutes
façons ? »
Warren
se frotta les mains à sec et en vain, tentant de nettoyer la boue. « Je
cherche Prince Garrick. Il devait se présenter au Grand Hall pour le
rassemblement, mais il est en retard comme d’habitude. La mort prématurée
du Roi Hermanus en Asturia et leur tournoi sur le point d’avoir lieu, ce
rassemblement est particulièrement important. Le Roi Zabalan l’implora d’être
prompt pour une fois, mais bien sur, Garrick a disparu et comme d’habitude je
suis supposé le retrouver. Cette fois-ci je pense qu’il va y avoir des
ennuis. »
« J’arrive
pas à m’imaginer Prince Garrick avec de réels ennuis », Dathan secoua la tête.
« Et je pense qu’il s’en foutrait s’il en avait »
« Je
suis d’accord, mais je dois le retrouver quand même. Tu l’as vu ? »
Dathan
secoua la tête de nouveau. « Personne d’autre qu’un groupe de foutus
nobles sont passés par ici. »
L’arrivée
de la relève de la garde interrompit leur conversation. Dathan parla brièvement
avec l’un d’eux puis se tourna à nouveau vers Warren « Grace à
l’Omni-Père, je peux enfin rentrer chez moi. Qu’est-ce que tu vas
foutre ? »
Warren soupira. « Il semble
que mon sort dans la vie, est de trainer derrière Garrick. Je ne suis pas
certain qu’il le fasse exprès, mais il a l’air de vraiment prendre plaisir à me
tourmenter. Je ne sais, je devrais peut-être retourner voir s’il est au
rassemblement. »
« Bonne Chance mon pote
maladroit » Dathan répliqua avec un sourire narquois.
Warren le salua de la main et
retourna le long de la voie principale, vers le Grand Hall, situé dans le
Quartier Royal. Il y avait encore un endroit de plus qu’il pouvait vérifier de
ce coté de la ville. Puisque c’était sur son chemin du retour, Warren décida de
faire une visite rapide au White Horse Inn.
Warren se serra dans sa cape plus
étroitement contre le froid. De petits nuages de poussière tourbillonnaient
autour de ses pieds alors que les ténèbres recouvraient lentement la Cité
Montagnarde. Son estomac grommela, lui rappelant qu’il n’avait pas mangé depuis
le petit-déjeuner. Avec un peu d’espoir, pensa Warren, Garrick serait déjà au
Rassemblement. Il pourrait alors savourer son dîner et oublier cette fâcheuse
affaire.
A mi-chemin, Warren entendit le
bruit révélateur d’un autre groupe de cavaliers approchant la porte de la
ville. Les armures et les armes cliquetaient en harmonie inhabituelle avec le
hennissement de chevaux fatigués. Il trouvait bizarre, que des nobles
continuaient d’arriver à une heure aussi tardive, mais avec des participants
venant d’aussi loin qu’Asturia, ce n’était peut être pas si étrange après tout.
Un bruit étouffé venant de la
direction de la porte de la ville, attira son attention, mais dans l’ombre
lugubre et envahissante des Montagnes, il ne pouvait plus voir aussi loin. Il
s’immobilisa pour écouter, mais la clameur ambiante de la ville, déguisa tout
autre son de cette direction là.
Maudissant la distraction comme
une perte de temps, il retourna à contrecœur à la recherche du Prince
capricieux.
Warren continua, s’enfonçant dans
l’obscurité qui s’épaississait. A l’approche de la nuit, les bâtiments de
chaque coté de lui semblaient le dépasser en flottant comme des apparitions
tapies. Le scintillement sporadique des lampes à huile et des torches étaient
des yeux luisants, l’épiant de la pénombre, d’un regard libidineux. Malgré sa
cape chaude, l’air froid nocturne le fit frissonner. Jetant nerveusement des
regards furtifs autour de lui, il pressa le pas.
Approchant l’auberge du White
Horse Inn, Warren fut inondé par une cacophonie de sons et de lumières vives émanant
de l’établissement sordide. Prince Garrick était connu pour son habitude de fréquenter
subrepticement ce local occasionnellement quand il était d’humeur pour
« quelque chose d’un peu moins formel », comme le Prince aimait dire.
Prince Garrick était un grand
homme musclé, et le fils du Roi ; c’était ces qualités qui faisaient de
lui le favori des femmes. Ceci dit, le Prince avait peu de devoirs ou de responsabilités discernables,
hormis la soirée ou le gala occasionnel au Palais, qui requérait la présence de
la Famille Royale. Avec beaucoup de
temps libre, il faisait souvent la fête avec une ou plusieurs des belles dames
de la ville, quand il ne s’entrainait pas à l’épée. Parfois, sa compagne
pouvait être de classe Noble et digne du fils unique du Roi, mais il n’était
pas inhabituel de le trouver en compagnie de femme de moindre réputation. Le
Prince prétendait que l’Amour ne connaissait pas les lignes de démarcation des
classes, mais Warren n’était pas complètement clair sur sa définition de
l’Amour.
S’arrêtant au beau milieu de la
route, Warren considéra brièvement si une recherche au sein de l’auberge valait
vraiment le coup. Le Prince n’était pas venu ici récemment mais avait fait
quelques visites par le passé pour faire une pause des rigueurs de ne rien faire de toute la journée.
En soupirant, Warren décida de
prendre le temps et avança malgré lui vers les clameurs, les lumières et le
remue-ménage du White Horse Inn.
Warren était perdu dans ses
pensées quand il entendit soudainement le tapage des bruits de sabots d’une
chevauchée en provenance de la porte de la ville. Avec le cheval de tête
pratiquement sur lui, il plongea au dernier moment, évitant de justesse d’être
piétiné encore une fois. Roulant maladroitement sur lui-même, il se leva
péniblement et ébahit, suivit des yeux le dernier des cavaliers, alors que
celui-ci le passait dans un tonnerre de sabots. Son cœur battant, Warren ne vit
que des ombres menaçantes et indistinctes de très grands hommes en armure
lourde et ténébreuse. Les silhouettes menaçantes étaient encadrées par leurs
armes plus sombres encore : de larges épées, des massues, et haches de
guerre dépassaient des épaules ou étaient accrochées aux ceintures.
« Ca a été juste »,
Warren pensa tout haut. « Cette fois-ci ce n’était définitivement pas de
ma faute, ces chevaux sont apparut de nulle part ! »
Une recherche rapide de l’auberge
ne porta aucun fruit, comme il se l’était prédit. Se préparant à subir l’assaut
de l’air froid de la nuit, Warren sortit de la pagaille de l’auberge turbulente
et se retrouva à nouveau sur la route poussiéreuse. Ses mains enfoncées dans
les poches et un air découragé sur son
visage, il donna un coup de pied dans une pierre sur la route, réfléchissant à
ce qu’il pourrait bien faire ensuite.
Il ne pouvait pas prendre le temps
de fouiller chaque auberge et taverne de la ville. Le Rassemblement serait
terminé bien avant qu’il n’ait eu le temps de finir, et il n’y avait aucune
garantie qu’il retrouverait ainsi Prince Garrick dans tous les cas. Il avait
déjà cherché les divers endroits que le Prince avait pour habitude de hanter,
sans succès. Mettre la main sur le Prince bien souvent, vous donnait
l’impression de serrer une poignée de
sable dans sa main. Plus vous serrez et plus il se glissait simplement entre
vos doigts.
Sans recours productif, Warren
décida de retourner au Grand Hall dans l’espoir que Garrick soit finalement
arrivé. Apres tout, le Prince semblait vraiment prendre plaisir à faire ce à
quoi Warren s’attendait le moins.
« Je ne m’attends
certainement pas à ce qu’il soit au Grand Hall, c’est donc là qu’il doit
être! » dit il à l’air de la nuit avec un sourire et un petit rire
optimiste. Cependant, dès que les mots sortirent de sa bouche, il savait
aussitôt que c’était faux. Son sourire s’effaça lentement.
Warren arriva finalement au Grand
Hall, s’attendant à trouver le tumulte des Nobles buvant et riant et la clameur
des frivolités. Au lieu de cela, il fut
surprit d’entendre un tintamarre inhabituel.
En s’approchant, il pouvait
clairement entendre des hommes crier, et les bruits sourds d’une intense
bagarre. Se rapprochant de l’entrée, Warren vit les derniers soldats malabars,
ceux qui avaient faillit le renverser peu de temps auparavant, entrer par les énormes
portes de bois.
Un vent du nord glacial le cingla
et tira sur sa cape, puis continua en balayant tout sur son passage pour enfin
s’engouffrer dans le Grand Hall. Les flammes des torches accrochées aux
appliques murales ornées, vacillèrent et crépitèrent sous la bourrasque
obstinée. Il en résultat une danse folle des ombres qui masquaient et
révélaient alternativement le carnage qui avait lieu au sein du Grand Hall.
Le Grand Hall, qui était jusque-là
majestueux, était en pagaille, des bancs de bois étaient renversés, des choppes
de bières étaient tombées à terre et le chaos le plus total régnait.
Les adeptes soldats en armure
assenaient des coups de hache et d’épée aux Nobles terrifiés qui couraient en
rond en criant et suppliant qu’on leur épargne la vie. Les brutes sauvages ne
prêtèrent aucune attention aux Nobles et aux dirigeants Militaires, pendant
qu’ils procédaient méthodiquement au hachage et découpage de ceux qui s’étaient
rassemblés dans le Grand Hall.
Deux gardes arborant les couleurs
de la ville étaient près de la porte, se battant désespérément pour protéger le
Roi. Un immense homme vêtu d’une armure sombre et éclaboussée de sang, planta
sa hache cruellement dans le dos de l’un d’eux. Le garde survivant fut
brutalement décapité peu après, mettant ainsi une fin rapide à la bataille désespérée.
Le Roi Zabalan se tint figé sur
place alors qu’une fontaine de sang se répandait le long de ses robes
d’apparat. Son visage était un mélange d’effroi et de dégout. Avant même que le
Roi ne puisse bouger, deux soldats ennemis, vêtus d’armures cabossées et ensanglantées,
le restreignirent.
Dehors, depuis sa cachette, Warren vit une
silhouette émerger de l’ombre et s’approcher lentement du Roi. À la lueur
erratique et vacillante des torches, l’homme recourbé, vêtu de ténèbres, semblait
léviter vers le Roi. Warren, ébahi, vit ce qui semblait être une nuée d’ombres
vivantes, tourbillonner autour de la silhouette. Les ombres ondulantes, aussi
noires que la nuit la plus profonde, lui caressait le corps comme des serpents
vaporeux.
Clignant et se frottant les yeux
d’incrédulité, Warren observa l’homme courbé, engoncé dans sa bure d’ombres
couleur d’ébène, se mettre face-à-face avec le Roi terrifié et couvert de sang.
Il n’était pas suffisamment proche pour entendre ce qui se dit, mais d’après ce
qu’il pouvait lire sur le visage du Roi, ca n’avait pas l’air d’être une
conversation plaisante.
Après quelques instants d’une
extrême tension, l’homme en noir fit un geste en direction du Roi et le nuage
d’ombres sibyllines commença à s’étirer vers sa proie. Des vrilles obscures
atteignirent le Roi et s’entortillèrent autour de lui, s’enroulant de plus en
plus vite en serrant de plus en plus son corps jusqu'à ce qu’il soit
complètement enveloppé.
Une fois que son corps fut entièrement
recouvert, le cocon noir ralentit sa révolution jusqu'à ce qu’il s’arrêta et
demeura suspendu flottant comme un nuage noir de tempête, dénué de vie.
Graduellement, des pointes d’ombres
vivantes commencèrent à s’étirer hors de
la masse du nuage et retournèrent en flottant vers l’homme en noir pour
coalescer autour de lui et le revêtir d’ombres une fois de plus.
En quelques instants, tout ce qui
restait où le Roi Zabalan se tenait, n’était qu’une tache sombre et mouillée
sur les pierres froides du sol. Un lourd silence s’abattit sur le Grand Hall
alors que le dernier des Nobles tomba au sol avec une giclée de sang.
Warren se sentit mal à la vue du
carnage, et inconsciemment trébucha de l’avant. Sans réfléchir, il tendit la
main pour attraper une des massives portes de bois pour se soutenir. Avec son
poids pesant sur la porte, celle-ci s’ouvrit légèrement vers l’intérieur en
craquant, faisant ainsi grincer une des charnières bruyamment. Au soudain son
de grincement, l’homme des ténèbres et ceux qui se trouvaient près de la porte
firent volte-face, se tournant vers lui.
Warren se tint seul dans
l’embrasure de la porte, son cœur battant dans sa poitrine. Il était désormais l’unique
objet d’attention d’une salle pleine d’assassins. Figé un instant par la
terreur, son regard tomba sur le visage du mystérieux meurtrier toujours vêtu
de son habit d’ombres noires tourbillonnantes.
Illuminé uniquement à la lueur
vacillante des torches qui crépitaient, le visage coléreux mais très familier
qui le foudroyait du regard était celui du Roi Zabalan.
Chapitre
1
Le chant des oiseaux remplissait
l’air et une légère brise virevoltait à travers la forêt, dansant brillamment
parmi les arbres. Les rayons réchauffant du soleil ruisselaient doucement du
haut des branches. Les arbres qui longeaient la route étaient chargés de
nouveaux bourgeons, et l’odeur du printemps embaumait l’air. La vie, dans la
forêt environnante, exaltait dans l’air tiède les promesses de la nouvelle
saison.
Aldrick respira profondément,
prenant plaisir à sentir les odeurs de l’air limpide. Les hivers ici en
Asturia n’étaient pas aussi sévères que ceux du Royaume nordique d’Illyria,
mais ils étaient suffisamment rudes pour que le printemps soit un changement
bienvenu. La route, sur laquelle Aldrick et sa femme voyageaient, était boueuse
des fontes de neige printanières et les sabots de leurs chevaux pataugeaient et
clapotaient sur leur chemin.
Aldrick se baissa pour passer sous
une branche basse et jeta un regard en arrière sur sa femme Jelénna, alors
qu’elle guidait son hongre brun autour d’une large flaque. Jelénna, dans sa
robe d’équitation cossue mais jolie, fit le tour de la fâcheuse flaque et amena
son cheval parallèle au sien. Elle lui rendit son sourire quand elle croisa son
regard.
Son cœur grossit quand il vit ce
sourire si spécial qu’elle réservait toujours pour lui seul. Ce sourire était
une des raisons pour laquelle il était tombé amoureux d’elle. Aldrick était
souvent émerveillé par le fait, qu’après tout ce temps, il aimait toujours
autant sa femme qu’au jour où il l’a marié, si ce n’était plus encore.
« Qu’y a t’il
Chéri ? » Demanda Jelénna, glissant distraitement les doigts de sa
main droite à travers sa longue chevelure auburn.
« J’étais juste en train de
penser à combien je t’aime »
« Je t’aime aussi ».
Aldrick sourit à nouveau. Il lui
semblait qu’il souriait tout le temps quand il était avec elle. Il jeta un coup
d’œil à son fils Adrias, qui suivait derrière, sur un son propre beau poulain.
Il était heureux que le fait d’avoir une famille ait changé sa vie pour le
mieux. Il avait été très inquiet par l’idée d’avoir une famille quand il était
plus jeune, mais maintenant il ne pouvait imaginer sa vie sans elle.
« Comment vas-tu
fils ? »
« Très bien, Père »
Adrias répondit distrait, il chassait une grosse mouche qui lui bourdonnait
autour de la tête.
Aldrick hocha fièrement de la tête
et se retourna sur sa selle pour scanner la route devant lui. Il a appris il y
a très longtemps qu’il était sage d’être prudent quand on voyageait par les
chemins, même ici sur la route qui mène à Akkadia, la Capitale d’Asturia.
« Tu te rends compte que ça
fait presque quinze étés que nous nous sommes rencontrés pour la première
fois? » Jelénna demanda de sa voix musicale.
Aldrick regarda sa femme d’une
rare beauté. « Ça fait si longtemps ? »
Jelénna avait l’air exaspéré qu’elle
prenait souvent quand il était distrait, généralement quand il avait le nez enfoui
dans un livre et n’écoutait qu’à moitié.
« Oui Chéri. Après tout,
Adrias aura bientôt 10 étés, le même âge que tu avais quand Hermanus devint Roi
d’Asturia. Comment se fait-il que tu puisses te rappeler les noms de gens qui
ont vécus il y a des centaines d’étés, mais que tu ne parviennes pas à te rappeler
combien de temps cela fait que nous nous sommes rencontrés ? »
Aldrick parvint à prendre un air
gêné. « Je tiens ça de mon père, comme tu le sais très bien. Il peut se
rappeler des centaines de lois et de précédents historiques, ainsi que de nombreuses
règles et régulations qui l’aident à conseiller le Roi. Je suis certain que le
Roi Hermanus n’aurait jamais put gérer sa cour sans mon père, pourtant il est
incapable de seller son propre cheval ou de faire cuire un œuf. Donc, en
vérité, c’est lui que tu dois blâmer.»
Jelénna gloussa. « Il est
brillant, mais effectivement, il peut paraitre pitoyablement sans défenses
parfois. Au moins tu as un tout petit peu
plus de bon sens que lui. »
« Je t’ai marié,
non ? » Aldrick échangea un autre de ces sourires spéciaux avec sa
femme bien-aimée.
Le fait de mentionner son père Tibérius,
ramena ses pensées au voyage qu’ils faisaient en route pour Akkadia pour le
tournoi du Roi qui était sur le point d’avoir lieu. Maintenant que le Roi
Hermanus est mort, et que son fils Brodan agissait en tant que Régent, un
nouveau tournoi fut annoncé pour choisir un nouveau Roi. Le dernier tournoi du Roi avait eu lieu il y
a moins de 20 étés, après la mort de vieillesse du Roi précédent. A ce moment là,
Hermanus avait été le vainqueur du tournoi et était devenu le nouveau Roi.
Le pays d’Asturia choisit ses
monarques par un tournoi, avec une série de concours testant les prouesses
physiques ainsi que mentales. Bien que le système de Tournoi en Asturia ait eu
ses détracteurs par le passé, Aldrick croyait vraiment que c’était largement
supérieur à l’ancien système de royauté héréditaire.
En passant ces tests exténuants,
un candidat prouvait clairement au royaume qu’il était qualifié pour être un
bon dirigeant plutôt que d’être simplement la progéniture fortuite du Roi. A
son avis, les pays comme Illyria qui choisissent leur nouveau roi par hérédité,
plutôt que par la méthode prouvée du Tournoi se dérobait eux-mêmes de
l’opportunité de bon nombre de candidats potentiels.
C’était plutôt inhabituel d’avoir
un autre Tournoi du Roi après seulement vingt étés par contre, particulièrement
parce-que le Roi Hermanus n’était pas très vieux quand il est mort. Nous étions
en temps de paix, et le Roi avait très certainement accès aux meilleurs médecins
du pays, pourtant, même eux ne pouvaient le protéger contre le plus couteux des
ennemis, le ravage de la maladie.
Tout juste comme la majorité des
hommes qui participaient au Tournoi du Roi, Hermanus avait été un jeune
guerrier vibrant, fort et intelligent. Au moment de sa mort prématurée,
Hermanus avait été en bonne santé et en pleine forme pour ses 50 étés, avec accès
à des aliments sains, et toutes les herbes et potions qu’il aurait requis.
Pourtant, quand le Roi est tombé
malade de façon si inattendue l’hiver dernier, même les meilleurs médecins
n’avaient pas put déterminer quelle horrible et débilitante maladie il avait
attrapé, et encore moins comment la combattre. Le Royaume fut choqué par les
nouvelles qui annoncèrent qu’après un rapide déclin de ses forces, le Roi
Hermanus gisait mort. Le règne paisible d’un dirigeant sage, juste et bon
arriva abruptement à sa fin.
Adrias
avait
maintenant le même âgé qu’Aldrick avait durant le dernier Tournoi du
Roi. Ses
souvenirs de cette époque étaient flous maintenant, pour la plupart des
flashs d’évènements qui lui viennent à l’esprit. La grande partie
d’entre eux, à
jamais perdu dans le brouillard du temps. Avec de l’espoir, pensa t-il,
Adrias
pourra un jour se rappeler les nombreux bons souvenirs qu’il fera
pendant ce
tournoi.
Aldrick ferma
les yeux et tenta d’imaginer à quoi ressemblerait son fils d’ici vingt étés.
Abruptement, l’image qu’il avait d’Adrias dans sa tête se tordit en une image
de trois jeunes garçons se tenant au milieu d’une route.
Étrangement, la
route apparaissait très similaire à celle sur laquelle il chevauchait
actuellement. Aldrick sentit que les trois gamins, bien qu’ils semblaient
jeunes, étaient d’une certaine façon plus expérimentés qu’ils ne le
paraissaient. L’image était trouble, comme la plupart des rêves prophétiques éveillés
qu’il avait eu tout au long de sa vie d’adulte.
Il était incapable
d’expliquer pourquoi, lors de ces rares moments, il était capable de voir des
flashes et des images qui semblait avoir un sens plus profond.
Inexplicablement, la plupart de ce qu’il voyait viendrait à se passer plus tard. Il apprit à prêter attention
à ces flashs, pourtant, comme c’était souvent le cas, il avait actuellement
aucune idée de ce que voulait bien dire ces images.
« Tu m’écoutes ? »
Aldrick ouvrit
les yeux. « Pardon mon amour, qu’est-ce que tu as dis ? »
Jelénna soupira
et pointa le long de la route. « Je
t’ai demandé si tu avais vu ces enfants qui se tiennent au beau milieu de la
route ? »
Ils arrivaient à
un endroit ou les arbres au bord de la route étaient plus serrés les un contre
les autres et le branchage au-dessus était plus épais et l’ombre en dessous y
était plus profonde. Aldrick regarda à travers l’obscurité approchante dans la
direction que lui pointait sa femme.
Trois gamins vêtus
d’ombres, alignés au travers de la route, leur barraient le chemin. Plus
surprenant encore, les gamins étaient vêtus d’armure et brandissaient des épées,
des armes qui paraissaient être bien trop grandes pour leurs si petits
physiques.
Bien qu’il fût
difficile de le déterminer dans l’obscurité grandissante, il parut à Aldrick
que les garçons se tenaient derrière une brume chatoyante. Un rideau iridescent
irradiait devant eux, en tourbillonnant. Leurs formes et leurs tailles se
tordaient et s’étiraient quand Aldrick tournait la tête. L’effet entier
alternait entre flottant à la limite du champ de vision et l’invisibilité.
Aldrick et sa
famille arrêtèrent leurs chevaux d’un seul mouvement. Gardant les yeux sur les
enfants au milieu du chemin, Aldrick se pencha vers sa femme et lui dit à voix
basse, « Dis-moi ce que tu vois. »
Jelénna fixa
son mari. « Que veux-tu dire, qu’est ce que je vois ? Je vois 3
enfants sans supervision d’adultes jouant à la guerre avec des armes bien trop
grandes et dangereuses pour qu’ils puissent les avoir. A part ça, ils ne
devraient certainement pas barrer la route à des voyageurs honnêtes. »
« Et le
rideau de brume iridescent autour d’eux, tu le vois ? »
Jelénna plissa
les yeux pour mieux voir à travers le jeu d’ombres et de lumières dans la pénombre
des arbres. Secouant la tête lentement, elle répliqua « quelle
brume ? Je ne vois que les trois garçons.»
Aldrick grimaça et tendit les rênes
de son cheval à sa femme. Il lança une jambe par-dessus la selle et sauta à
terre. Croisant son regard il lui lança un sourire engageant. « Reste ici,
je vais voir de quoi il s’agit ».
Retournant son regard vers le
trio, Aldrick n’arrivait pas à se débarrasser d’un sentiment incapacitant de
danger imminent. Bien que sa femme puisse avoir raison, que ces garçons aient
put trouver ces armures et ces armes et ne jouaient qu’à la guerre, il
n’arrivait pas à s’enlever de la tête la vision qu’il avait eu.
Il vérifia rapidement qu’il avait
bien les deux épées, qu’il portait attachées à son dos, s’assurant qu’elles
glissaient librement dans leurs fourreaux. Relâchant les poignées, Aldrick s’avança
pour confronter les trois gamins.
A son approche, le gamin du milieu
s’avança, portant une grande épée à deux mains. Il y avait une telle divergence
entre la taille de la grande épée et la stature diminutive de l’enfant qu’Aldrick
en aurait rit à le voir si ça avait été
sous d’autres circonstances. L’incongruité de ce qu’il voyait, ajoute à son rêve
prémonitoire d’auparavant, lui rappela de rester vigilant.
« Puis-je vous aider les garçons ? »
Demanda Aldrick, essayant de paraitre nonchalant. Il devint encore plus
suspicieux quand le gamin du milieu fit un pas en avant. Aucun d’eux ne parlait,
mais dans la pénombre dansante, il était certain d’avoir vu l’ombre d’un
sourire dans le visage du meneur.
Il était en train de contempler
s’il devait dégainer ses épées contre des enfants, quand le meneur fit, à ses
compagnons, un signe de la main si rapide qu’il fut presque invisible. Cette
communication non-verbale et le sérieux de son approche suffit à Aldrick. En un
flash, il dégaina ses deux épées et se maintint en attente, prêt.
« Qu’est-ce que tu es en
train de faire Aldrick ? » lui lança sa femme. « Par
l’Omni-Père, arrêtes tes simagrées ! »
Il entendit Adrias souffler de
surprise. Aldrick les ignora tous les deux, et changea de position en attendant
l’attaque. Le beau jour de printemps et les nuages cumulus qui flottaient là
haut sur une légère brise, furent également relayés au fond de sa pensée. La
seule chose sur laquelle il se focalisa, était l’ennemi devant lui, car quand
il avait tourné la tête pour scanner les bords de la route, sa vision
périphérique avait coupé au travers du voile iridescent pour voir la vraie
nature des trois enfants derrière la brume d’illusion.
Voyageant innocemment, en route pour le Tournoi du Roi, par un
magnifique jour de Printemps, Aldrick et sa famille étaient attaqués, non pas
par trois enfants jouant à la guéguerre, mais par trois mercenaires aguerris.
Chapitre 2
Quand le chef des trois garçons
leva son épée et ricana, Aldrick prit un instant précieux pour crier à sa
famille «Courrez ! »
« Courrez ? »
Aldrick ne put épargner un autre instant pour informer
sa femme de sa découverte. Ces hommes, probablement des tueurs professionnels,
ne perdraient pas leur temps à se déguiser en enfants pour une raison qui ne
soit pas fatalement sérieuse.
Il ne pouvait pas s’imaginer
comment ils avaient réussi l’illusion, puisqu’il était connu de tout le monde
que la vraie magie avait disparue des centaines d’étés plus tôt. Pourtant, ils
y étaient parvenus, le déguisement avait été efficace.
Maintenant
qu’il avait vu au
travers de l’illusion, la brume scintillante de leur déguisement se
dissipa et
s’effaça, laissant les trois hommes exposés comme ce qu’ils étaient
réellement. Équipés d’armures légères, pour des missions rapides, plutôt
que pour des
combats dans de longues batailles sanglantes, les guerriers paraissaient
être prêts
à se déplacer légèrement et rapidement.
Le chef était grand et musclé, et
à l’inverse de ses compagnons il portait une énorme épée a deux mains, qui
semblait a Aldrick est d’un design Illyrien. Chacun des trois hommes lui
faisaient face, arborant un air confiant et suffisant. Ils tenaient leurs armes
expertement, non comme de simples soldats appelés à servir dans l’armée pour
aucun autre but que celui de toucher une paye régulière.
Sans plus d’avertissements ou de
préambule, le chef se tendit et bondit sur Aldrick, s’apprêtant à lui asséner
un puissant coup d’épée. Le relativement lent et flegmatique coup d’épée à deux
mains, montrait le dédain complet pour tout talent que puisse posséder Aldrick.
Il ne pouvait s’empêcher de se demander, alors qu’il se baissait pour esquiver
le coup, si son attaquant le testait, ou jouait comme un chat fait avec une
souris qu’il a capturée, pour son propre amusement.
Alors que l’homme lui lançait un
autre coup, Aldrick décida de finir l’escarmouche rapidement avant que sa
famille ne soit impliquée, et croisa ses épées pour capturer la lame de l’épée
massive. Le bruit métallique résonnant du choc des lames retentit et des
étincelles jaillirent.
Repoussant l’épée ennemie, Aldrick
vira rapidement et se baissa pour éviter un puissant revers. Avant que l’homme
ne puisse réagir, Aldrick plongea ses deux épées directement dans son abdomen,
le transperçant de part en part. Le soldat baissa les yeux complètement surpris
de voir les deux épées profondément enfoncées dans son ventre.
Aldrick arrachait ses lames en
grimaçant quand Jelénna poussa un cri. L’homme tomba maladroitement a genoux,
laissant tomber son épée, et s’attrapant le ventre tentant en vain d’empêcher
ses viscères de se répandre au sol. Ses yeux se voilèrent, et l’homme
mortellement blesse, tomba face en avant sur la route, mort.
L’énorme guerrier n’avait pas dit
un mot de tout le combat, et n’avait pas crier non plus a la fin. Aldrick
appris pourquoi quand l’homme tomba en avant, la bouche ouverte de surprise,
mais il ne pouvait pas crier, car il n’avait pas de langue.
Aldrick était sidéré par la portée
des évènements ; trois soldats aguerris, possiblement des assassins, avec
des armes de conception Illyrienne, et avec le chef, au moins, sans langue.
Serait-il possible que ces hommes soit, en vérité, une des infâmes
triades ?
Historiquement, une triade
Illyrienne, était un groupe de trois assassins d’un niveau d’élite, utilisée
par le Gouvernement Illyrien, pendant le règne du despote Sargon
l’Anéantisseur, dans des situations où l’armée régulière ne suffirait pas. Les
inities était requis de se couper la langue pour prouver leur courage et
valeur, permettant également d’assurer leur silence, ce qui était très commode
en cas de capture.
Aldrick n’avait pas entendu parler
de l’utilisation de Triades depuis le temps de Sargon et la Grande Guerre, il y
a à peu près 500 étés. Perdus dans l’Histoire, la plupart des gens n’en ont
jamais entendu parler.
Aldrick était au courant des
Triades, uniquement grâce à son amour pour les livres et sa passion pour
l’histoire, qu’il a hérité de son père. Sa femme le narguait souvent pour qu’il
pose un de ses livres adorés et fasse plus attention à elle. Pour être juste,
il acquiesçait à ses demandes parfois, ce qui amusait beaucoup sa femme.
Ça paraissait ironique, pensa-t-il, qu’il était des personnes d’un groupe très sélecte, encore en vit, qui
puisse être au courant de ce qu’étaient les Triades, et pourtant, pour ce qu’il
sait, il pourrait être le premier depuis la Grande Guerre a avoir été tué par
l’une d’elle.
Ignorant un autre cri de sa femme,
Aldrick jeta un œil sur les deux hommes qui restaient. Il tournoya rapidement
ses deux épées dans un grand arc, faisant gicler le sang dans toutes les
directions. Jetant d’un geste ses épées devant lui, il se prépara à affronter
les deux derniers membres de la Triade, si c’était vraiment de ce qu’ils
étaient.
Leurs expressions indiquaient très
clairement qu’ils avaient été mal préparés pour son niveau d’expertise au
combat. Aldrick se demandait, si, contrairement aux Triades d’antan, ces hommes étaient habitués à être envoyés a des
victimes non-préparées, des Nobles mous qui ne se défendaient même pas. Il
était clair, qu’à l’inverse des Triades de l’Histoire, ces hommes n’étaient pas
prêts à ce que leur victime ait des crocs.
Les deux autres hommes reprirent
rapidement l’esprit et, brandissant leurs propres épées, se préparèrent à
attaquer. Aldrick savait qu’il n’y avait plus d’effet de surprise ; ces
deux là savaient très bien qu’il ne serait une victime facile et se prêts a
livrer un vrai combat.
Les deux assassins s’écartèrent
l’un de l’autre, se démarquant pour couvrir ses flancs. Un coup classique et
évident, mais Aldrick savait que la bataille en serait d’autant plus difficile.
Il se positionna entre ses deux combattants.
Se campant solidement de façon à ce
qu’il puisse se lancer d’un adversaire à l’autre, Aldrick se concentra sur
l’attaquant qui l’approchait sur sa droite, tout en tournant ses autres sens
vers l’homme sur sa gauche.
Aldrick était en soi un homme
paisible, mais ayant été élevé au Palais à Akkadia, suivit de sa carrière d’enquêteur
auprès des armées, il a passé du temps à
s’entrainer au combat. Il continuait le sport martial pour rester en forme et
pour s’éclaircir les idées, pas pour un désir quelconque de se battre.
Cependant il était naturellement athlétique et est devenu plus que compétent
avec ses épées. Il a souvent remporté des combats d’entrainement contre de
multiples adversaires en pressentant leurs positions et en prévoyant leurs intentions.
Bien qu’il n’en ait parlé à
personne, Aldrick savait qu’il était capable de tels exploits grâce à ses
occasionnels flashes prémonitoires. Ces images lui venaient à l’esprit quand il
était dans le besoin, souvent comme des impressions, mais parfois comme des
rêves. En pleine bataille, elles l’aidaient à anticiper les réactions de ses
adversaires et quels seraient leurs mouvements.
Il sentait que ses années
d’entrainement aux techniques de combat étaient pour la plupart responsables de
son talent à manier les épées, mais son adresse extraordinaire à pressentir ses
adversaires en prédisant leurs mouvements, déconcertait ses enseignants. Il
rejetait ce que prétendaient certains, que ses prouesses au combat étaient
presque de nature magique, puisque lui, comme la plupart des gens, pensait que
la magie n’existait plus.
La magie, après tout, ne vivait
plus que dans les livres maintenant ; dans les contes du passé antique et
durant les jours de la Grande Guerre quand Sargon l’Anéantisseur, traquait et
tuait systématiquement tous les Mages qu’il pouvait trouver, jusqu'à ce qu’il
n’en restait plus un seul qui puisse s’opposer à lui. Après la défaite de
Sargon, il ne restait que très peu de magie dans le monde et au fil des Étés,
elle a simplement été oubliée.
Personnellement, Aldrick soupçonnait
que bon nombre des anciens contes de magie étaient métaphoriques ou avaient été
grandement embellis, s’ils n’étaient pas carrément des fabriqués de toutes pièces.
En règle générale, il trouvait difficile de croire en tout ce qu’il ne pouvait
voir ou toucher.
Son attention fut vivement ramenée
au présent alors que l’assassin sur sa droite feinta dans sa direction, pendant
que l’autre se jetait, sur son dos, l’épée levée. Bloquant le premier coup sur
sa gauche, Aldrick utilisa son élan pour fourrer son autre épée dans l’homme
sur sa droite. Le coup fut paré, et Aldrick vira et abattit une épée vers la
gauche pendant qu’il virevoltait de la main droite vers l’autre assaillant.
Les deux coups furent bloqués,
mais les deux hommes furent suffisamment repoussés pour donner à Aldrick de la
place pour manœuvrer plus librement. Profitant du bref répit, Aldrick bloqua
une attaque de ses deux lames, tout en assénant un coup de pied à la poitrine
de l’autre homme. Donnant un autre coup d’épée au premier, il esquiva
adroitement un balayage de l’épée du second.
La danse continua en un malström
de mouvements et de métal se percutant en fracas d’acier et d’étincelles. Les
coups étaient parés, ceux-ci étaient suivis de ripostes, ces ripostes étaient
contrées, ce qui menait à de nouveaux coups.
Suant maintenant, Aldrick s’élança
sur les prétendus tueurs, leur assénant multiples coups, pendant qu’il bloquait
leurs propres attaques, pour préserver ses propres forces. Jusque là, ses coups
n’avaient causé que de légères blessures, néanmoins, il était clair qu’il épuisait
ses opposants.
Son attention focalisée uniquement
à survivre le moment, Aldrick perdit de vue sa femme et son fils. Abruptement,
il se rendit compte de leurs cris incessants. Inquiet, il esquiva un coup
rapide d’un attaquant et fit un saut périlleux par-dessus le second pour
retomber faisant face à la direction
opposée. Il avait maintenant la vue dégagée sur sa famille, et fut choqué
de voir Jelénna à terre, tenue en otage par un homme chauve, vêtu d’une bure grise
foncée.
L’attaquant en habit de moine se
tenait derrière elle, une dague barbelée pressée à la gorge. Derrière eux,
Adrias était toujours assis sur son cheval qui dansait, mais se débattait d’un
homme petit et sec qui tentait de le jeter à terre. Momentanément surpris, il
réussit à peine à bloquer les attaques simultanées de ses deux assaillants.
Sachant son temps compté, Aldrick
s’élança sur ses attaquants, les repoussa et puis ferma les yeux. Le moment
d’une seule inspiration profonde, il s’ouvrit à ses sens.
Il rouvrit les yeux et se baissa
se dérobant sous deux puissants coups d’épées, qui furent si près qu’il put
sentir le vent des lames quand elles le passèrent en sifflant. Utilisant
l’ouverture, il enfonça une épée dans la jambe de l’attaquant sur sa gauche.
L’homme battit en retraite sous le choc et la douleur.
Utilisant son élan, Aldrick mit un
coup d’épaule sur l’autre homme, qui se plia le souffle coupe. Le premier
assassin se taisait mais ses yeux brillaient de haine. Il plongea vers lui dans
une colère folle, mais la douleur aigüe de sa jambe le fit tomber en avant,
déséquilibré.
Aldrick vira rapidement derrière
l’autre homme qui essayait toujours de reprendre son souffle, et utilisant son
corps comme un bouclier, le poussa de toutes ses forces contre la lame d’épée
qui arrivait. Incapable de freiner son élan, l’assaillant dans sa chute plongea
son épée profondément dans le corps de son camarade, l’embrochant.
Aldrick profita de la perplexité
du survivant, et ramenant ses épées sur le côté, les plongea toutes deux dans
son corps.
Arrachant brutalement ses lames,
il fit volte-face et se dirigea d’un pas sûr vers sa femme et son attaquant,
laissant les deux hommes tombés à terre, morts.
« Stop »
Le chauve, vêtu comme un moine,
avait un accent étrange, mais plus important encore, il était trop loin pour qu’Aldrick puisse l’atteindre rapidement.
L’autre homme maigrichon –qui lui rappelait
une fouine- avait réussi à jeter son fils à terre, et lui attachait
les mains derrière le dos avec un bout
de corde. Aldrick devina que si ces hommes étaient la simplement pour tuer sa
famille, ils l’auraient déjà fait ; ils voulaient peut-être quelque chose
d’autre.
« Jetez vos épées à terre, ou
la femme meurt ! » grogna l’homme vêtu de bure.
Aldrick avala sa salive. Il était
clair que cet homme n’était ni un soldat, ni un assassin professionnel comme
les autres. Mais, il avait tout de même l’air très sérieux. Testant pour voir
s‘il bluffait, Aldrick fit un autre pas en avant, enjambant le cadavre de
l’assassin déchu.
« Pas un pas de plus, je vous
averti ! » cria l’homme en pressant la lame plus près encore de la
chair tendre du cou de Jelénna. Elle lâcha un cri de douleur quand la lame affutée
la coupa, faisant couler quelques gouttes de sang précieux.
Ne voulant pas risquer sa vie, et
ne voyant aucun autre recours, Aldrick stoppa. Après un instant d’hésitation,
il laissa ses deux épées tombées à terre.
« Que
voulez-vous ? »
La lumière du soleil reflétait faiblement
sur le crâne rasé du ravisseur de Jelénna. Quand il changeait de position, le
bas de sa longue bure, balayait la route, levant un petit nuage de poussières
tourbillonnantes.
« Ce que je veux, c’est que
vous mourriez, rendez la vie, et je laisserai la vie sauve à votre femme et
enfant. »
Aldrick aurait volontiers donné sa
vie pour sauver celles de sa femme et de son fils, mais il savait que choisir
de le faire à ce moment là serait des plus futiles. Dès le moment de sa mort,
le truand habillé de bure les tuerait, ou ferait pire encore. Non, se rendre
n’était pas une option viable ; il lui fallait trouver une autre alternative.
Tentant de gagner suffisamment de
temps pour développer un plan, il demanda, « Comme puis-je savoir que vous
les relâcherez ? »
« Je pourrais vous
donner ma parole » l’homme grogna,
« bien que je ne vois réellement pas quel choix vous puissiez
avoir. »
Quand Aldrick ne répondit pas, il
ajouta, « Si vous ne vous rendez pas maintenant, je les tuerais tous les
deux. De cela, vous pouvez en être sûr. »
Aldrick écarta ses mains tendues
en signe de capitulation. « Voyons ! Il doit y avoir un autre moyen.
On doit certainement pouvoir s’arranger. »
Il espérait n’avoir besoin que de
quelques instants de plus, après avoir aperçu un flash argenté près de la main
de sa femme. « Ne soyez pas idiot, j’ai de l’or, je peux vous
payer. » bluffa-t-il.
L’homme bouffa de rire et pointa
Aldrick de son couteau, un regard fou dans les yeux, « c’est vous l’idiot,
je n’ai que faire de votre or, » il ricana d’un son grinçant, comme un
portail rouillé.
Son rire fut coupe court, quand
apparut le manche d’une dague, dépassant de sa gorge. Ses yeux s’écarquillèrent
de choc et de lourdes perles de sueur, débaroulèrent du haut de son crâne rasé
alors qu’il lâchait son propre couteau. Il tenta en vain d’atteindre et de
retirer la dague de sa gorge, un instant plus tard, ses yeux virèrent et il
s’affaissa, tombant sur la route poussiéreuse comme un sac de grain.
Jelénna se tint debout, en état de
choc, les yeux fixés au sol en horreur. Aldrick vira pour confronter l’autre
assaillant qui retenait toujours par derrière leur fils ligoté, qui lui se
débattait encore. Voyant son dernier compagnon tomber mort, et sachant qu’il
faisait face à un combattant plus que capable, le petit homme relâcha Adrias
sans un mot, se retourna et s’enfuit en
courant le plus vite qu’il put.
D’un cri sanglotant, Jelénna
courut à Adrias et le renversa dans ses bras. Aldrick récupéra la dague
barbelée et coupa la corde qui lui
ligotait les mains. Adrias hochait la tête stoïquement pendant que sa mère en
sanglots le tenait des ses bras.
Jelénna leva les yeux, ses joues
cramoisies ravagées par les larmes. « Aldrick, au Nom de l’Omni-Père, que
s’est-il passé ? Comment ces gosses se transformèrent-ils en hommes
de guerre ? »
Aldrick jeta un regard sur les
cadavres jonchant la route ombragée par les arbres qui la bordaient. « Je
ne sais pas. » Pointant du doigt
l’homme à la bure grise, il ajouta : « Celui-ci était peut-être
responsable de l’illusion optique »
« Il est mort », observa
Adrias, fixant des yeux le corps.
« Ca ne fait rien,
fils. » Aldrick entraina son fils plus loin. « Viens ici. »
« Aldrick, » Jelénna se
leva en chancelant. « Ca n’a pût être que de la Magie. »
« Tu sais bien que la Magie
n’existe plus » dit Aldrick en fronçant les sourcils. « Peut-être que
mon Père ou quelqu’un à Akkadia aura une idée de ce que c’était. »
Aldrick savait que sa femme était
toujours en état de choc, dû à ce qu’elle fut forcée de faire, mais il voulait
emmener sa famille loin de la scène du carnage. Il demanda à Adrias de
récupérer les chevaux et leurs affaires, pendant qu’il fouillait les cadavres
des quatre hommes jonchant le sol.
Chacun des trois assassins avait
la langue coupée, confirmant ses soupçons sur leur identité de Triade
Illyrienne. Il ne trouva rien d’intéressant sur eux, autres que l’armure, les
armes et les rations nécessaires au voyage.
L’homme à la bure grise, était un tout
autre cas. Sa dague barbelée était définitivement d’origine Illyrienne, et
Aldrick trouva une petite bourse attachée a sa ceinture contenant trois
articles d’intérêts.
Le premier était un morceau de
parchemin blanc. Normalement, cela n’aurait pas beaucoup d’intérêt, mais celui-ci
paraissait être très ancien et il avait été soigneusement roulé et attaché. On
dirait qu’il avait été utilisé auparavant, avec des dépressions dans la matière
même, pourtant il n’y avait aucune traces d’écriture visibles nulle part.
Aldrick ne pouvait distinguer si l’encre avait entièrement déteint avec le
temps ou avait été effacée à dessein. Mais
il pensa néanmoins que cela pourrait être important.
Le deuxième, et peut-être le plus
intéressant article, était un objet doré en forme de pyramide. La base de
l’objet finissait par un manchon brisé, comme s’il avait été arraché à un autre
objet. Que la petite pyramide fasse vraiment partie d’un ensemble ou soit un
objet par elle-même était un mystère pour Aldrick. Mais ce n’était pas le
moment ni l’endroit de mener l’enquête à ce sujet.
Le troisième article dans la
petite bourse, était une liste de noms, mais avant qu’il ne puisse la lire,
Jelénna recommença à sangloter. Aldrick récupéra la dague de sa femme, dans la
gorge de l’homme qu’elle avait tué, avant de ranger le reste des affaires dans
son sac et alla la réconforter.
« Grace à l’Omni-Père vous
êtes tous les deux sains et saufs ! » s’exclama Aldrick serrant à
nouveau sa femme et son fils dans ses bras.
Jelénna hocha la tête, trop émue
pour parler. Adrias fit le tour des cadavres du regard, sans expression.
Aldrick n’avait pas le temps ni l’envie d’enterrer les corps de leurs
attaquants, mais, ne voulant pas non plus les laisser au beau milieu de la
route, il les traina sur le bas-côté, déblayant ainsi le passage.
« J’informerai Brodan sur ce
qui s’est passé, une fois arrivé à Akkadia, » dit Aldrick. « Il
enverra l’armée s’occuper de ça. Cela suffira bien. »
Jelénna acquiesça distraitement,
pendant qu’elle aidait Adrias à monter sur son cheval. « Je t’en prie,
partons d’ici. » dit elle.
Aldrick hocha la tête, « Nous
devrions atteindre l’auberge avant qu’il ne fasse nuit, et puis demain, nous
arriverons à Akkadia. »
Aldrick fit le tour des lieux du
regard une dernière fois, pendant que Jelénna montait sur son cheval. C’était
dur à croire qu’il y a seulement un moment en arrière, il s’était battu ici
pour sa vie et celle de sa famille.
Il songeait à ce qui paraissait
être la réapparition des Triades Illyriennes, et à l’homme chauve vêtu d’une
bure grise foncée, et qui voyageait avec elles. L’évènement en entier était
surréel, et le souvenir de l’illusion qui avait déguisé, la vraie identité des
attaquants, paraissait plus être tiré de l’un de ses livres que de la réalité.
Avec plus de questions que de
réponses, Aldrick attrapa les rênes de son cheval et monta en selle. Avec un
peu d’espoir, ils trouveront des réponses une fois arrivés à Akkadia.
Chapitre 3
Ce soir là, ils arrivèrent à
l’auberge et retinrent une chambre. Après leur toilette, ils dinèrent
sombrement dans la salle commune avant de se retirer pour la nuit. Ils avaient
été peu bavard pendant le reste du trajet, et guère plus pendant le diner. Alors
qu’ils étaient au lit, Aldrick savait bien qu’il devrait rompre le silence et
consoler sa famille, mais il ne parvenait pas à en trouver les mots. Il n’avait
lui-même, toujours pas réconcilié les horribles évènements de l’après-midi avec
la réalité. La scène avec Jelénna, une dague à la gorge, se rejouait sans cesse
dans sa tête, et il ne pouvait que frissonner d’horreur à l’idée qu’il avait
faillit perdre sa famille.
D’après le remue-ménage que menaient
les deux autres autour de lui, il était clair qu‘ils ne parvenaient pas dormir
non plus. Il se leva et alluma la mèche d’une bougie aux braises de la cheminée,
et la dressa sur une table bancale près du lit, de son coté.
« Tu n’arrives pas à dormir
non plus ? » chuchota Jelénna.
« Non. »
« Je ne dors pas non
plus » s’écria Adrias de sa couchette dans le coin de la pièce.
« Lis-moi une histoire, Père !»
Aldrick grimaça, « Il est
tard, essaye de dormir »
« Aaaah, s’il te plait !
Tout le monde est réveillé »
Aldrick soupira. « D’accord,
mais je te préviens, le seul livre que j’ai amené est le livre
d’Anunnabi. »
« Je veux une
histoire ! »
« Bon, bon d’accord,
laisse-moi le chercher. »
Aldrick fouilla dans son sac et en
retira un livre ancien, relié de cuir. Sur la couverture bien usée, figurait un
titre doré à l’or fin, qui était presque tout effacé par l’âge. Aldrick en
sourit à sa vue, malgré lui.
Se frottant les yeux, il se rassit
sur le lit et approcha la chandelle un peu plus près.
« Si tu trouves ça barbant,
rappelle-toi que c’est toi qui l’as demandé. » Gloussa Aldrick, et puis il
commença à lire.
« Avant
même que n’existasse le temps, il n’y avait nulle autre chose que le néant des
ténèbres sans fin, dans lequel s’éternisait l’esprit que l’homme vint à appeler
de nos jours : l’Omni-Père. »
« Est-ce que toute l’histoire
est dans ce drôle de langage ? » Interrompit Adrias.
Aldrick se mit à rire. “Oui bien sûr.
C’est ainsi que parlaient les gens jadis. Puis-je continuer ? »
Adrias, se laissa retomber sur sa
couchette en soupirant. « Je suppose que oui. »
Aldrick retint son sourire en se
raclant la gorge et continua.
« Il
est dit que l’Omni-Père, se lassant de la solitude, conçut la notion de temps
et celui de la matière, et, d’une seule pensée, leur insuffla la vie. L’Univers
physique ainsi fut, et, blottis dans le berceau du temps qui passe, les cieux
jaillirent en existence »
« Comme c’est
rasant ! » Interjeta Adrias.
« Je t’avais prévenu. »
« Mais ça l’est. » Gémit Adrias.
Aldrick secoua la tête
« Dois-je m’arrêter là ? »
« Non, vas-y continue »
« L’Omni-Père
trouva que sa domination sur l’Univers Physique était restreinte par le fait d’être
hors du temps et de la matière. Pour amplifier sa puissance sur la création,
l’Omni-Père conçut alors un réceptacle pour recevoir une portion de Sa force
dans la dimension physique. C’est ainsi que cet appareil astrale que l’Homme
nomma Tritaph vint à être. »
« Le Tritaph ? »
« La clef de voute de
l’Univers » Aldrick expliqua. « C’est la chose la plus importante qui
n’ait jamais été créée. Ne vous enseignent-ils donc rien à
l’école ? »
« Barbant… » Murmura
Adrias.
Aldrick se tourna vers Jelénna.
« Au moins, il dit la vérité. »
Jelénna sourit et se blottit
contre lui. Aldrick embrassa rapidement sa femme et puis continua à lire.
« C’est
alors que l’Omni-Père reconnu l’exigence d’une souveraineté sur les trois
nivaux de l’Univers, qui sont constitués des cieux au-dessus, la Terre
en-dessous et Urkalla, ou l’au-delà, comme est souvent nommé par l’Homme ce
niveau. Ainsi donc, l’Omni-Père prit le Tritaph et appela à l’existence, trois
Gardiens pour régner sur chacun d’eux. »
« C’est le Panthéon
Tripartite, n’est-ce pas Chéri ? » Demanda Jelénna.
« Exact, les trois enfants de
l’Omni-Père. Cependant, si tout le monde continue de m’interrompre, je n’en
finirai jamais avec cette histoire.” Dit Aldrick, faisant semblant de soupirer
d’exaspération.
Jelénna lui sourit simplement et
il continua.
« Faisant
paraitre la lumière pour en remplir les cieux, il fit don à son premier enfant,
sa fille Anu, la domination sur le ciel infini. Anu était un esprit, léger,
elle était pleine de joie, bonne, douce et d’une immense beauté. Anu était
fougueuse, pleine d’entrain, tendre et affectueuse. Mais elle était aussi
erratique et capricieuse que les vents.
Ensuite,
l’Omni-Père mit en place le firmament de la Terre et installa son deuxième
enfant, son fils Kian, le plus fort des trois, lui donnant la domination sur
Terre. Solide et fiable, il était beau
et robuste. Incarnant la Raison, Kian aimait la vérité, le savoir et
recherchait la justice. Kian veillait sur la terre avec sa force et son
courage. Cependant, il négligeait souvent les relations nécessaires avec sa sœur
dans les cieux et son frère dans l’au-delà, à Urkalla. »
« Kian a toujours été mon
préféré » dit Aldrick en prenant une gorgée d’eau.
« Comme tu l’as dit à maintes
occasions. » sourit Jelénna. « Maintenant, qui est en train
d’interrompre ? »
Aldrick reposa son verre en riant
doucement.
« Finalement,
l’Omni-Père donna à son dernier enfant, son fils Nizar, la Domination sur
Urkalla. Régnant sur l’au-delà, Nizar s’aperçut qu’il ne pouvait influencer ni
la vie qui tournoyait dans les cieux, ni la vie qui pullulait au firmament du
monde. Son domaine ne consistait que de la Mort, l’équilibre nécessaire de la
Vie. Ainsi, avec le temps, Nizar fut consumé par un incessant désir pour ce
qu’il ne pouvait posséder. De son trône de crânes, il devint de plus en plus
maladif de ne pas pouvoir s’emparer de l’objet de sa convoitise. Avec le
passage des millénaires, il devenait de plus en plus envieux des Domaines de
son frère et de sa sœur. »
« Il me fait peur,
Père. » dit Adrias en levant la tête.
« Comme il se doit »
répondit Aldrick du même avis. Réalisant qu’il était supposé distraire son fils
de ces pensées négatives, il ajouta vite, « Mais ne t’inquiète pas, cela
se passait il y a très longtemps. »
Adrias grogna quelque chose qui
aurait put être assentiment, et Aldrick continua sa lecture, laissant tomber le
sujet.
« Ainsi
les trois dimensions de l’existence et le Panthéon Tripartite furent créés.
Avec sa propre influence limitée dans l’Univers Physique, l’Omni-Père choisit
de placer le Tritaph lumineux, en tant que Clef de Voute de la création, pour
maintenir l’équilibre entre chacune des trois dimensions de l’existence.
C’est
donc ainsi qu’il advint que Nizar, dans son royaume d’ombres, fut de plus en
plus consumé par la haine et la jalousie envers son frère et sa sœur, de sortes
qu’avec le temps sa forme physique se transforma en une créature difforme et abhorrante, reflétant son tempérament intérieur. Abandonnant la Raison, Nizar
vint à convoiter le Tritaph, croyant que sa puissance, puisqu’elle avait été la
genèse du monde même de la vie, pourrait alors corriger ses difformités récentes
et lui octroyer d’immenses pouvoirs.
Nizar
parut alors devant son Père, et insista pour qu’il lui conférât le Tritaph.
Nizar se plaignit que sa difformité était laide, injuste et qu’il méritait
d’être beau et plaisant à regarder à nouveau, semblable à son frère et sa sœur
qui eux étaient beaux et sublimes.
Mais
par miracle, l’Omni-Père réprimanda Nizar, car il vit que le visage de son
fils, n’était que le simple reflet de son tempérament intérieur.
‘Véritablement, tu es consumé par un désir et une envie exécrables, avec rien
d’autre que l’hostilité et la jalousie dans ton cœur. Même la puissance du
Tritaph ne pourrait défaire ce que tu as toi-même forgé sur ta propre chair
avec ta haine et ta rancœur.’
Nizar
courroucé, jura châtiment, proférant d’ignobles injures et épithètes, non pas à
l’Omni-Père, car il était tout-puissant, mais plutôt à Sa Création, qui elle
était éphémère. Ainsi Nizar convoitât le pouvoir du Tritaph et la promesse de
sa puissance, et complotât dans son cœur de dérober la clef de voute de
l’Univers.
Anu
et Kian, découvrant son intrigue, craignirent désormais que leur frère défiguré
s’accapare un pouvoir illimité avec la possession du puissant Tritaph. Ils
savaient que si Nizar viendrait à posséder la clef astrale, il provoquerait un
tel désastre au sein de l’Univers, qu’il engendrerait un chaos absolu, voire la
destruction des dieux eux-mêmes.
Ils supplièrent
donc l’Omni-Père de détruire le Tritaph, ôtant ainsi l’objet de convoitise malicieuse
de leur frère. Ils espéraient donc désister l’anarchie et l’anéantissement de
leurs deux domaines.
Tristement,
l’Omni-Père rejeta la plaidoirie de ses enfants. Il ne pouvait détruire le
Tritaph, car la perte de la Clef de voute de l’Univers déferait la Création
elle-même. Il ne pouvait pas détruire Nizar non plus, car il était désormais véritablement
entrelacé avec Urkalla, et ne pouvait être anéantit sans que se rompe également
l’équilibre de tout ce qui existait. Sans l’au-delà, la Terre et les cieux
cesseraient aussi d’exister. »
Adrias ferma les yeux et baillât. Aldrick
pausa, espérant pour le mieux, mais les yeux d’Adrias s’ouvrirent. Aldrick
continua.
« Cherchant
l’équilibre, l’Omni-Père trancha le Tritaph en tiers et donna à chacun de ses
enfants, un morceau à garder. Ceci maintînt le pouvoir du Tritaph au sein de
l’Univers Physique tout en assurant que personne ne puisse le posséder en
entier. Et miracle ! L’Omni-Père façonna une clef sans laquelle, le
Tritaph ne pourrait être ré-assemblé.
C’est
ainsi que Ses enfants infusèrent une partie d’eux-mêmes dans leur tiers
respectifs du Tritaph, chacun cherchant à protéger son morceau. Anu et Kian
allèrent jusqu'à cacher subrepticement leur tiers, pour qu’il ne soit pas perdu,
par apathie ou inattention à la convoitise de leur frère. Dorénavant, ses
ambitions furent pour toujours contrecarrées, du moment que les trois morceaux
du Tritaph ne soient jamais réunis.
Cependant,
il est écrit, que si une personne vint à posséder, ne serait-ce qu’une seule pièce
du Tritaph, le possesseur obtiendrait des pouvoirs inouïs. On dit aussi que de
se lier à un tel objet, infusé qu’il est de l’essence même de son Protecteur,
forcerait l’esprit de son véritable Propriétaire –Anu, Kian ou Nizar- de
fusionner et peut-être inexorablement usurper l’âme même du détenteur de
l’objet.
Jusqu’à
nos jours, l’Homme recherche les vestiges du Tritaph et la clef qui
l’accompagne, et ce, toujours sans succès. Véritablement, son existence même,
n’est peut-être que légende… »
« J’adore cette
histoire » dit Aldrick en souriant. Il referma le livre. « Qu’en
pense… »
Il coupa court quand il réalisa
que sa femme et son fils étaient maintenant profondément endormis. « Et
bien, je le trouve très intéressant en tous cas », gloussa t’il, et
soufflant la bougie qui fumait, s’étendit sur le dos et ferma les yeux avec un
soupir de contentement.
Chapitre
4
Aldrick baillât et changea
inconfortablement de position sur sa selle. Il avait passé la plupart de la
nuit à se tourner dans son lit, revivant constamment la mystérieuse attaque sur
la route et la confrontation qui s’ensuivit avec l’étrange homme à la bure
grise. Même comme ça, ils quittèrent l’auberge tôt ce matin-là. Ils étaient sur
la route une grande partie de la journée. Il était maintenant convaincu qu’il
était plus à l’aise dans une bibliothèque qu’à cheval.
Ils eurent l’aubaine d’avoir une
autre magnifique journée de printemps. De moelleux nuages blancs flottaient paresseusement
au-dessus d’eux. Le voyage était plus aisé, puisque les rayons tièdes du soleil
continuèrent à briller, séchant la route.
A
court de sommeil et distrait par
le souvenir du jour précédent, Aldrick avait du mal à apprécier le beau
temps.
C’était un homme prudent de nature, peut-être même plus maintenant,
après les évènements de la veille. Mais il n’arrivait pas rester
attentif à la route. Au
moins, sa famille était saine et sauve, Grâce à l’Omni-Père.
Aussi préoccupé qu’il était,
Aldrick se rendit à peine compte qu’ils
gravirent une dernière montée et commencèrent à redescendre de l’autre côté,
arrivant en pleine vue de la grande Cité d’Akkadia. La Capitale d’Asturia
était de loin la plus grande ville du Pays, tant par sa taille que
par l’opulence de ses décors et ses bâtiments majestueux.
Ils pouvaient déjà voir les préparations
pour le prochain Tournoi du Roi, étendues devant la Cité, sur les champs en jachère.
A droite, des roturiers assemblaient des camps provisoires, pour eux-mêmes et
pour l’afflux des visiteurs que le Tournoi ferait venir.
Avec tant de monde arrivant de
toutes parts du pays, spécifiquement pour cette occasion, la plupart des
roturiers, ne pouvaient pas se permettre de payer, ou même trouver de logement
disponible dans l’enceinte des murs de la ville. Tous étaient bienvenus comme
spectateurs pour le Tournoi ; c’était après tout, le plus grand évènement
qui ait lieu en Asturia au cours des vingt derniers étés.
Cependant, le gite, les vivres, le
matériel et le divertissement, restaient la responsabilité de chaque individu.
En approchant les murs de la
ville, l’entrée d’Akkadia arriva en vue. La magnifique structure se dressait en
contraste des camps de fortune qui se construisaient autour d’elle. L’immense
arche de la porte massive avait été reconstruite, il y a quelques Étés par le
Roi Hermanus et avait été conçue pour inspirer l’admiration et intimider ceux
qui arrivaient dans la ville. Se dressant à plus de dix toises de haut,
l’imposante façade était recouverte de sculptures représentant les monarques et
autres personnages importants de l’Histoire. Les visages stoïques saluaient
solennellement ceux qui passaient sous l’immense arche pour pénétrer dans
l’enceinte de la Cite. L’ouvrage était impressionnant – Hermanus n’ayant
épargné aucunes dépenses pour le projet – toutefois, Aldrick trouvait cela
surfait et criard.
Par temps de paix, comme c’était
actuellement le cas, les immenses portes restaient ouvertes en permanence.
Néanmoins, Aldrick et sa famille passèrent sous la grande arche sous le regard
attentif d’une vingtaine de gardes bien armés. Les soldats se tenaient
nonchalamment et n’accostaient pas les passants, leur yeux, cependant,
scannaient continuellement la foule.
En entrant dans la grande court
qui s’étend au-delà des Portes, ils furent confrontes au joyau au cœur même du
projet de rénovation du feu souverain ; une statue massive du Roi
Hermannus lui-même.
« C’est qui,
Père ? » demanda Adrias.
« C’est nul autre que le Roi
Hermannus » répondit Aldrick en secouant la tête. « C’était un bon
Roi, et s’améliora beaucoup au cours de son Règne de vingt Étés. Mais comme tu
peux le voir par cette ostentatoire représentation de lui-même, il était un peu
pompeux.
« Hé là ! Je ne
souffrirai aucun commentaire dénigrant de feu mon père, le Grand Roi
Hermannus ! »
Aldrick se retourna et vit, son
ami d’enfance Brodan, le seul héritier du défunt Roi Hermannus, maintenant
Régent du Royaume d’Asturia. Sautant de
selle, Aldrick serra chaleureusement son vieil ami dans ses bras.
« Brodan, qu’il est bon de te
revoir. A nouveau je t’offre mes plus profondes condoléances. »
« J’apprécie beaucoup »
remercia Brodan en souriant. « Tu m’as manqué. »
« J’aurais aimé te rendre
visite plus tôt, mais voyager d’Ubarra à ici en plein hiver est notoirement difficile.
Cette saison était particulièrement rude. Heureusement, cela s’est suffisamment
améliorer pour que nous puissions assister au Tournoi.
« Ah ! Je vois que tu as
amené ta famille cette fois-ci, » dit Brodan un sourire en coin, en se
tournant vers Jelénna pour lui tendre la main. « Peu importe combien de
temps est passé, je ne pourrai jamais oublier l’angélique et radiante Jelénna.
Votre beauté ma chère, hante mes songes. »
Jelénna rougit, mais chassa d’un
geste sa flatterie et son aide à descendre de sa monture, comme s’il s’agissait
de taons importuns virevoltant autour d’elle. « Allons Brodan ! Vos
propos mielleux ne serviront qu’a rendre mon amour de mari jaloux. »
Aldrick pris sa femme par la
taille en disant « C’est Vrai. »
Brodan les ignora tous les deux et
adressa Adrias. « Et voila le jeune Adrias. Ca alors, comme tu as
grandi ! Je soupçonne que tu vas t’entrainer à l’épée avec ton père avant
longtemps. »
« Mon père a du se battre sur
le chemin en venant ici. On a été attaqués sur la route » débita-t-il tout
excité.
« Le sourire condescendant du
Régent s’évapora, « Attaqués sur la route d’Ubarra ? Que s’est-il
passé ? »
Aldrick hochait la tête
« Nous avons vraiment besoin de parler, mais pas ici. »
Le regard fixe sur la foule qui passait,
l’ombre d’un sourire lui effleurant le visage, il dit : « Qu’est-ce
que tu fais par ici de toutes façons ? Ca ne te ressemble pas de trainer
parmi le petit peuple. »
« Oui, et bien je… »
Balbutia-t-il. « Je suis descendu au marché pour faire quelques emplettes.
On ne trouve pas tout au Palais, après tout. »
Brodan se tut, puis lui fit un
grand clin d’œil. « En plus, tu me connais bien… j’aime garder le contact
avec le petit monde ! »
Aldrick le fixa, perplexe, mais
Brodan ignora son regard. « J’ai prévu un grand festin pour ton arrivée.
Allons au Palais, pour que vous puissiez faire un brin de toilette, et ensuite
nous écouterons le récit de votre aventure sur le chemin de Ubarra a Akkadia. »
Sans faire une pause, le Régent tourna sur ses talons et s’éloigna en marchant.
« Voila, qui était
abrupte » marmonna Jelénna. « Pas même un ` à tout a l’heure ’… ».
Aldrick acquiesça.
« Typiquement Brodan, on y va ? »
S’étirant après la longue chevauchée,
Aldrick s’empara de la longe de son cheval et mena son petit groupe au pas a la
suite du Régent, se faufilant a travers la foule en chemin vers le Palace.
Laissant leurs chevaux avec les
serviteurs du Palais, les trois gravirent les magnifiques marches de marbre qui
dominaient l’avant du Palace. Ici aussi, des bustes de Rois passes, tant les
légendaires que les infâmes bordaient les marches. Leurs yeux sculptes
semblaient suivre Aldrick du regard a mesures qu’ils montaient.
Brodant attendait au sommet des
marches. Il avait les bras croises et un air impatient au visage.
« Allez ! Vous trois
êtes aussi lent que des Paresseux du Gandahar. »
Brodan fit volte-face et déguerpit
dans le Palais, les laissant pantois sur les marches d’escalier.
Jelénna grimaça et dit :
« Honnêtement Aldrick, je n’ai jamais compris comment tu as pu te lier
d’amitié avec cet homme. »
« Oh, il n’est pas si
mal » souri Aldrick. « C’est un brave homme en dessous de son
extérieur contrariant, mais être élevé en tant que fils unique du Roi, te donne
une certaine… confiance en soi. »
« Arrogance, plutôt,
oui. » Pouffa Jelénna.
Arrivant au sommet des marches,
Aldrick changea de sujet. « Allons à l’intérieur. J’ai faim. »
Les gardes les firent entrer. Traversant
la Grande Entrée, ils trouvèrent à l’autre bout, un serviteur qui les attendait ;
quelqu’un dont Aldrick ne se souvenait que trop bien. Le vieil homme mince,
avait une face de faucon et un nez aristocratique qui soutenait une paire de
lunettes rondes de lecture.
Tirant une révérence marginale, le
serviteur annonça d’une voix hautaine, « Bienvenu Maitre Aldrick… et
famille, je suis la pour vous escorter a votre chambre où vous pourrez faire votre
toilette. Des que vous serez prêts, nous
prendrons le chemin de la salle a manger où notre illustre Régent attendra sans
doutes votre arrivée sans prendre haleine. »
Sans attendre de réponses, il se
retourna et s’en alla la tête haute.
Jelénna se pencha vers Aldrick et
chuchota : « Il n’a pas changé. »
Aldrick sourit « Jarvus
ne change jamais. Sois tu t’habitues à lui, sois non »
Pendant qu’ils
suivaient le serviteur vexant, Aldrick admirait les meubles élégants, les
tapisseries et les tableaux qui décoraient les halls du Palais. De les revoir
lui amena une vague agréable de nostalgie. La plupart des œuvres d’art et des
meubles étaient très anciens et au Palais depuis plusieurs siècles.
Aldrick avait
renoncé aux droits de noblesse avec lesquels il avait été élevé au Palais. Il
Choisit plutôt une vie simple, par le travail. Le travail était important et il
adorait sa vie avec Jelénna, mais il gardait, malgré tout une profonde
admiration pour l’Histoire riche du monde, particulièrement l’Histoire
d’Asturia.
Plusieurs
tapisseries
dépeignaient de grandes scènes de Chevaliers sur leurs destriers
armures se confrontant lors de batailles épiques. D’autres montraient
des évènements et des batailles de la Grande Guerre. Toutes étaient des
réminiscences des contes qu’il avait lu et aimer quand il n’était qu’un
petit
garçon.
Aldrick
s’arrêta devant un tableau en particulier, alors qu’ils le passaient sur leur
chemin. La plus grande œuvre d’art, en taille, de tout le Palais. L’immense
Peinture était aussi très graphique, décrivant une bataille de la Grande Guerre
intensément violente et effroyable.
Aldrick était
émerveillé par le portrait détaillé du carnage, plutôt pas caractéristique du
reste des œuvres d’art du Palais. Sargon l’Anéantisseur –Infâme tyran de la
Grande Guerre- se tenait sur un petit promontoire près d’un grand temple de
pierre, cerne par les défenseurs Asturiens. Un feu irrépressible rageait à
l’intérieur et tout autour du Temple.
L’Anéantisseur
était vêtu d’un long vêtement couleur d’ébène et avait les bras tendus
dramatiquement. Un nimbus d’ombres rampantes jaillissaient de Sargon et
attaquaient les soldats, qui se tordaient à terre de douleur tout autour de
lui. Le Magicien, le regard menaçant semait le chaos parmi les défenseurs.
Aldrick en
avala sa salive. La scène horrifique dépeinte dans ce tableau lui était
toujours restée à l’esprit. À l’inverse du reste de l’art dans le Palace,
l’éclairage et le détail de cette pièce en particulier, était si incroyablement descriptive et réaliste qu’il avait l’impression d’être la-bas en personne, sur
la colline, à regarder la bataille se dérouler. Il s’attendait presque à voir
Sargon tourner la tête à tout moment pour le fixer droit dans les yeux.
Jelénna
grimaça, « Je hais absolument ce tableau. »
« C’est
troublant en effet, mais j’ai toujours pensé que c’était une des œuvres les
plus stupéfiante de la Grande Guerre. »
« Certainement
la plus violente. » Jelénna ajouta.
Adrias regarda
le tableau avec de grands yeux ronds. « Qui c’est le monsieur qui fait
peur sur la colline, qui tue tous les soldats, Père ? »
« C’est
Sargon l’Anéantisseur dans sa dernière bataille près du Temple de l’Oracle, sur
le Mont Zagrias. Heureusement pour nous, la Grande Guerre et son invasion pris
fin ce jour la.
Jelénna se détourna
du Tableau avec un frisson, « J’ai entendu des histoires sur la bataille
au Mont Zagrias et la victoire sur Sargon, mais ici, il semble qu’il est en
train de gagner. »
Aldrick sourit,
se prenant plaisir à la moindre occasion de parler d’Histoire. « Et il
était sur le point de remporter une victoire définitive, si ce n’était pour une
simple et unique flèche, tirée d’un arc ordinaire, par Élias, l’archer
légendaire. Malgré toutes ses
préparations, abattant tous les Mages, Soldats et Nobles qui s’opposaient à
lui, ce fut la flèche toute simple d’Élias qui mit fin à son règne de terreur.
« Il est
mort, Père ? »
Aldrick grogna. « Je suis sur que oui, bien
que, selon la légende, son corps disparut immédiatement après sa chute. »
Un toussotement
forcé, derrière Aldrick, l’interrompit et ils se retournèrent tous pour voir
Jarvus qui gardait les yeux fixes au-delà d’eux, un regard exaspéré au visage.
Reniflant bruyamment il s’enquit : «Peut-être que Maitre Aldrick et sa…
famille, sont prêt à poursuivre ? »
Aldrick sourit
poliment, ignorant l’évidente impatience de l’homme étriqué. « Bien sûr Jarvus,
après vous. »
« Ô, Joie
de joies ! Ma journée est au complet. » Le serviteur se tourna
hautement et repris le chemin d’un pas glissant le long du hall. Aldrick
entoura les épaules de sa femme de son bras et ils suivirent dans son sillage.
Son père étant
un des conseiller du Roi Hermannus et de son prédécesseur, Aldrick grandit,
jouant dans ces couloirs avec ses amis d’enfance comme Brodan. Il a toujours
aimé les meubles anciens, les œuvres d’arts et les tapisseries. Par contre il
n’a jamais put retenir les plans du Palace et avait du mal à naviguer les
couloirs avec tous les tours et détours.
D’ailleurs, peu après quelques tours, virements et retours, Aldrick réalisa
qu’il était, une fois de plus, complètement perdu.
Ils arrivèrent à
la chambre qui leur était assignée et Jarvus les informa qu’il les
escorterait jusqu'à la salle à manger
`aussitôt qu’ils seraient prêts’, puis entreprit de tapoter impatiemment le sol
de la pointe du pied.
Entrant dans
leur chambre, Aldrick chuchota à l’oreille de Jelénna : «je crois qu’il a
voulu dire qu’il faut que nous nous dépêchions. »
Chapitre 5
Après avoir
fait une toilette rapide et ranger leur sacs, ils rejoignirent leur guide
brusque, et, avec tout juste un peu de sarcasme, était en route pour la salle à
manger.
Peu de temps après,
ils arrivèrent aux magnifiques portes de bois sculpté qui menaient a la salle a
manger. Jarvus attrapa l’énorme poignée dorée et ouvrit la porte en tirant avec
effort. Passant le pas, il annonça leur arrivée d’une voix impérieuse :
« Votre Altesse, vos tant attendus
invités sont arrivés. » et, avec un soupir, il ajouta
« Enfin ! »
« Merci
Jarvus, marmonna Brodan de la tête d’une table massive, qui dominait toute la
longueur de la pièce. « Sois un bon gars, et va voir où en est le diner,
veux-tu ? Je suis affamé ! »
Jarvus répondit
avec un autre soupir exagéré « votre désir, le plus insignifiant me
commande. »
Il quitta la pièce
d’un pas flâneur, la tête haute, fermant les portes ornées de bois derrière
lui. Elles se fermèrent avec un boum résonant, qui fit écho sur les murs de
pierre de la salle.
La grande table
était dressée de lin blanc. Sur cette dernière étaient places, équitablement espacés, trois grands candélabres
délicatement décorés, toutes chandelles flambant, malgré les rayons du soleil
qui inondaient la pièce, pénétrant par
les fenêtres haut placées d’un coté de la salle spacieuse.
Aldrick sourit
à son ami d’enfance. “Votre Altesse ? »
Brodan eut un
petit rire, « Je ne suis pas encore officiellement Roi, au moins, pas tant
que je n’ai pas gagné le Tournoi. Il est tout à fait acceptable par contre,
pour un Régent d’être adresse comme `Votre Altesse’. Mais je ne te forcerai probablement pas à le
dire, mais ça m’amuse de forcer Jarvus à le faire. »
« Et bien,
`Votre Altesse’, Régent ou Roi, tu pourrais peut-être ne pas survire Jarvus. Il
n’a pas changé du tout. »
Brodan éclata
de rire. « Jarvus a un penchant pour l’effronterie, n’est-ce pas ?
Mais il est la depuis plus longtemps que le palace même ; c’est
pratiquement une institution a lui seul. Seul l’Omni-Père sait comment mon Père
a fait pour le supporter pendant tous ces Étés. Personnellement, je pense qu’il
a perdu un pari. »
Ils rirent tous
les deux et Brodan continua : « Il peut-être irritant parfois, mais
je ne fais pas attention à la plupart de ce qu’il dit. Je vois ma bienveillance
comme un signe de magnanimité, si je puis le dire moi-même. »
Aldrick soupira
pendant que le Régent rit à gorge déployée. Brodan à toujours montré un coté
arrogant, mais parfois il était difficile de juger si sa présomption était réelle
ou prétendue. Aldrick n’a jamais put savoir avec une certitude complète si
Brodan était vraiment arrogant ou si
c’était simplement une affectation amenée par son statu de fils unique
du Roi.
Brodan était
puissant maintenant, mais il ne sera pas Roi tant qu’il n’aura pas gagné le
Tournoi. Aldrick espérait sincèrement que lorsque ce jour arriverait, Brodan se
calmerait et prendrait sa position à cœur, et deviendrai un Roi bon et décent,
comme son Père le fut avant lui.
Comme si il
lisait ses pensées, Brodan devint soudainement sérieux. « Maintenant,
parle-moi de cette rixe sur la route. »
Brodan indiqua
les chaises, tout prêt d’eux, et ils s’assirent. Aldrick commença a décrire les
événements de la veille, et Jelénna interjetait occasionnellement quelques précisions.
Quand l’émotion la gagna pendant la description de sa capture, Brodan eu des
mots conciliants et arriva même à paraitre sincère.
Une fois
l’histoire terminée, le Régent dit : « Adrias, tu ne dis rien. La
tuerie t’aurait elle troublé ? »
Adrias secoua
la tête, « pas vraiment. »
« Ah,
non ? Et pourquoi pas ? »
Adrias haussa
les épaules « C’était des méchants, ils méritaient de mourir. »
Aldrick
interrompit. « Allons fils, personne ne mérite de mourir. C’était un
malheureux incident, que j’aurais préféré éviter, si j’avais pu. »
Essayant de changer de sujet, il ajouta, « Tu as faim ? »
Adrias hocha la
tête avec enthousiasme, juste au moment ou les portes de la salle a manger
s’ouvrirent. Jarvus entra, suivit d’une douzaine de serviteurs portant plateau après
plateau de plats savoureux et de boissons fraiches. Aldrick les regardait ébahi,
alors qu’ils arrangèrent rapidement tous les plats sur la table démesurée et commencèrent
a remplir les verres d’eau et de sa boisson
préférée, du vin de pomme-grenâtes Asturienne.
« Qu’est-ce
que tout ceci ? » demanda-t-il, les yeux fixes sur le festin qui
s’amoncelait sur la table.
« A ton
avis ? » rétorqua le Régent, se frottant les mains.
« Allons-y ! Mangeons ! »
Des plats
fumants contenaient toute une variété de viandes, allant de rôtis de porc au
salé de bœuf. Il y avait deux poulets entiers rôtis, d’une belle couleur brune
dorée à la peau croustillante, ce qui était une denrée chère. Il y avait aussi
un plat de Poisson doré au four, nageant dans une sauce appétissante. D’autres plateaux avaient des tas de pommes,
de raisins, de cerises et d’autres fruits empilés.
De grands plats
de navets, carottes, petit pois, oignons et pommes-de-terre baignés de beurre
fondu, et le délicieux fumet de pain fraichement cuit embaumait la salle.
Aldrick et sa
famille avait choisit de vivre une vie simple chez eux dans la ville lacustre
d’Ubarra, et étaient stupéfaits de voire cette opulence si extravagante.
« Quoi ? »
marmonna Brodan la bouche pleine de poulet « Allez-y ».
Aldrick essayait
de tout envelopper du regard « Combien d’autres personnes
attends-tu ? »
Brodan enfourna
une cuillérée de petits pois dans sa bouche, mâchant a peine avant d’avaler.
« Que veux-tu dire ? Nous sommes tous la, dépêchez-vous ca va être
froid ! »
Adrias prit une
assiette de l’un des serviteurs et commença a manger avec un grand sourire au
visage. Jelénna pris son assiette et commença également, bien que pas tout a fait avec le même enthousiasme
dont faisait preuve Adrias. Aldrick savait bien qu’aucun des deux n’avait
jamais vu autant de nourriture en accumulée au même endroit, moins encore sur
une seule et unique table.
Aldrick pointa
du doigt la montagne d’aliment. « Brodan, autant de nourriture pourrait
alimenter la moitie des gens campes en dehors de la ville. D’après la misère
que nous y avons vu, il est certain d’y avoir des gens qui ont faim la
bas ! »
Toujours
confus, Brodan s’interrompit sur le point de faire une énorme bouchée d’un
morceau de rôti. « Aldrick, ce sont des roturiers, des paysans tous autant
qu’ils sont. C’est ainsi qu’ils vivent. Ils ne sauraient faire
autrement. »
Brodan prit une
autre bouchée and mâcha la viande délicieuse d’un air satisfait.
Le passage d’un
nuage, bloqua la lumière du soleil de fin d’après-midi qui pénétrait par les
hautes fenêtres et la salle s’assombrit. Aldrick était offense mais ne pouvait contrôler
les grommèlements de son estomac affame. Il prit une assiette de l’un des serviteurs,
puis une bouchée de poulet.
« Nous quatre
n’avons certainement pas besoin de tout ces plats, n’abuse pas de ton autorité
en temps que régent. »
Brodan s’arrêta
net en pleine rasade et baissa son verre, un vin rouge sombre dégoulinant de
son menton pas rase. Il posa son verre sur la table. Il avait une lueur
dangereuse dans ses yeux.
« Parce-que
nous sommes amis depuis si longtemps, je vais ignorer ta dernière remarque
Aldrick, mais je te suggèrerait d’éviter de la répéter. »
Aldrick se força
a sourire, “J’apprécie l’accueil chaleureux. Je pense tout juste qu’il y a ici
beaucoup plus d’aliments que nous ne puissions manger. Qu’y-a-t-il
d’autre ? Un Vomitoire ?
Brodan le
foudroya du regard un instant. La lumière du soleil vint inonder la salle a
nouveau, et Brodan secoua la tête et sourit.
Levant son
verre, comme si rien ne s’était passe, le Régent annonça : « Un toast
pour au Tournoi du Roi. Que les victimes soient peu nombreuses et que le
meilleur homme gagne ! » Faisant un clin d’œil a Aldrick il
ajouta : « Tant que cet homme la, soit moi ! »
Levant le
coude, Brodan vida le reste du vin.
Aldrick prit
une gorgée de son propre verre, savourant la finesse. Extravagant ou pas, il
adorait vraiment un bon vin de pomme-grenache, et il n’était pas surpris de
constater que ce millésimé était particulièrement excellent.
Il décida de
changer de sujet. « Comment va mon Père ? J’espère que son
conseil est toujours aussi bon que toujours. »
Brodan hocha la
tête pendant qu’il mastiquait un morceau de pain encore tiède du four.
« Bien
sur, » marmonna-t-il entre deux bouchées. « Ton père est mon
conseiller le plus sage. Je ne le consulte pas tous les jours, bien entendu,
mais je suis sur qu’il est d’une valeur considérable. »
Brodan grommela
quelque chose d’autre, pendant qu’il arrachait de la viande a un os avec ses
dents, qu’Aldrick ne put comprendre.
Jelénna but un
peu d’eau. « J’adorerai revoir ton père, Aldrick. Adrias et moi ne
l’avons pas vu depuis très longtemps. »
Aldrick était
d’accord. « Je suis certain, qu’il meurt d’envie de vous revoir tous les
deux également. »
« J’aurais
du l’inviter à diner, » dit Brodan, paraissant se sentir presque coupable,
« Je voulais, par égoïsme, et vous voulais rien que pour moi pour une
fois. Je serai trop occupe à me préparer pour le tournoi après cela, et on ne
passe plus beaucoup de temps ensemble. Je présume que vous allez rester au
moins jusqu'au couronnement. »
Aldrick acquiesça
en avalant sa salive, mal a l’aise. « Bien sur. Il faut que je sois présent,
quand mon plus vieil ami devient Roi. »
Brodan sourit,
un mélange de véritable amitié et d’orgueil. « Je te remercie pour ton
assurance, Aldrick. Il est bon de t’avoir a mes cotes a nouveau. »
Aldrick leva la
main, d’un geste apaisant, « je ne connais personne de plus qualifie que
toi. »
Brodan hochait
la tête, savourant le compliment insinue.
« Tu as
bien raison mon ami, il n’y a aucun noble d’Asturia qui puisse se mesurer a moi
et me tenir tête. »
Aldrick
s’empara d’un morceau de pain. « N’oublies pas les candidats surprises,
Brodan. Même un roturier a le droit de participer au tournoi s’il est patronné
par une famille noble. Ne sois pas si sur de toi-même que tu ne laisses un
paysan devenir Roi. »
Brodan rit
bruyamment à l’idée. «Un Roturier peut a la limite passer les épreuves
physiques, mais il ne pourrait posséder le don, l’intellect et la connaissance
de l’Histoire Asturienne pour réellement remporte le Tournoi. »
Aldrick but une
gorgée de vin. “Ce serait rare en effet, mais pas impossible. » «
Brodan vida
encore un autre verre. Il tanguait légèrement sur sa chaise et ses yeux avaient
une touche vitreuse. « Ça ne se passera pas comme cela. »
« J’espère
pour toi que tu aies raison » dit Aldrick. Il repoussa son assiette vide
devant lui et se tourna vers sa femme. « Nous devrions allez voir mon père
avant qu’il ne soit trop tard. »
Brodan leur fit
signe en hochant la tête, mais ses paupières se faisaient lourdes.
Comme il ne dit
rien de plus, Aldrick ajouta : « n’oublies pas de bien t’entrainer,
Brodan. Le Tournoi est éreintant et extrêmement difficile. Tu auras besoin d’être
au mieux de ta forme. »
Brodan rit
encore. « Ce n’est pas la peine de me le dire, j’ai entendu assez
d’histoires de la part de mon père. Ne t’inquiètes pas, les Nobles sont des
bouffons, et aucun d’eux n’a l’ombre d’une chance contre moi. Je pourrai les
vaincre tous avec une main liée dans le dos, n’est-ce pas Jarvus ? »
Jarvus était
reste silencieux dans un coin de la salle. Il s’inclina dans une révérence
moqueuse et , le visage impassible, dit : « Vous n’êtes pas si dissemblable
a un Dieu, votre Altesse... »
Aldrick sourit
en coin, mais Brodan n’ayant pas du tout remarque l’épaisse couche de sarcasme
qui engluait la réponse, hocha simplement la tête.
« Ça, je
le suis, Jarvus… Ça, je le suis. »
Chapitre 6
Avant que trop de temps ne passe,
Aldrick réussit a extirper sa famille de la salle a manger, laissant Brodan,
inconscient dû à la sur-indulgence de vins et de mets savoureux. Jarvus, une
fois de plus les guidait a travers les halls du Palais, cette fois-ci en
direction de la bibliothèque.
Aldrick avait perdu le compte des
tours et détours depuis bien longtemps, quand ils arrivèrent brusquement devant
le tableau de Sargon l’Anéantisseur, a nouveau. Inconsciemment, il ralentit
pour le considérer une fois encore du regard. Au-delà du portrait livide de
l’effroyable destruction et de la Mort, il y avait quelque chose de viscéral
qui semblait l’appeler.
S’arrêtant devant l’imposante œuvre
d’art, Aldrick senti son regard attiré par celui du Mage. Il avait l’impression
d’être physiquement aspire par le tableau. Ces yeux paraissaient le fixer
depuis le canevas, l’effet était hypnotique.
Un toussotement l’arracha à
l’emprise du tableau. Aldrick cligna et se frotta les yeux, un peu ahuri.
Jarvus se tenait à ses cotés les sourcils froncés, dont un relevé d’un air
inquisiteur.
« Ne vous inquiétez pas,
Jarvus, nous ne nous arrêtons pas. »
« Rendons grâce à
l’Omni-Père » soupira-t-il. Il s’en fut de son pas d’échassier vers la bibliothèque
sans même jeter un œil en arrière pour savoir s’ils suivaient.
Aldrick ne se souvenait pas avoir
ressenti quelque chose d’aussi intense à la vue du Tableau auparavant. Il était
encore si fasciné par l’intensité du regard du portrait de Sargon
l’Anéantisseur, qu’il perdit plus vite encore le sens de l’orientation et à
nouveau n’avait aucune idée où il se trouvait.
Jelénna passa son bras dans le sien,
interrompant ses songeries. « Brodan était d’une forme rare aujourd’hui.
Je te répète chéri, qu’il est encore plus détaché de la réalité que je ne m’en
souvienne. »
Aldrick considérait sa
réponse. « Je suis d’accord, mais je pense que c’est
compréhensible, si on considère le fait du décès inattendu de son père et que
le joug de la responsabilité de gouverner le pays lui ait été subitement jeté
sur les épaules. Ajoute à cela le stress de l’entrainement pour le Tournoi du
Roi et ce n’est pas étonnant qu’il soit si tendu et qu’il décroche un peu.
Jelénna hocha la tête. Ils arrivèrent
à l’entrée de la bibliothèque. Jarvus leur ouvrit grande la grande porte de
bois et les fit entrer.
Aldrick sentit immédiatement l’odeur
de renferme et de légèrement moisi du papier, du cuir et de la poussière inhérente
a toute grande collection de vieux livres et de rouleaux de parchemin. En
descendant l’immense escalier, il prit une grande bouffée d’air, savourant
l’arome pénétrant, que peut-être son père et lui étaient les seuls à apprécier.
Profiter de la meilleure bibliothèque de toute Asturia, serait une petite
consolation, si Brodan choisirait de le prendre comme conseiller, une fois
qu’il ait gagné le Tournoi.
Si Brodan était couronné Roi, il lui
serait requit de nommer ses conseiller officiels. Plusieurs fois par le passe,
Brodan avait menacé de prendre Aldrick quand le jour viendrait, peut-être même
pour remplacer son père Tiberius. Depuis, Aldrick avait renonce a sa noblesse et avait emménagé à la campagne
avec Jelénna à Ubarra, et ne pensait plus pouvoir accepter un poste de
conseiller pour Brodan. Il se sentait bien à Ubarra et ne pensait pas que
Jelénna accepterait de retourner à Akkadia. Mais tout de même, la bibliothèque
lui rappelait de merveilleux souvenirs.
Jarvus continuait de les guider vers
un coin salon a l’avant de la bibliothèque. Allées après allées d’anciens
livres et de parchemins manuscrits attiraient son attention, et la tentation
était grande pour Aldrick de s’arrêter pour jeter un coup d’œil rapide a une
section historique particulière.
Non touchée depuis des siècles,
cette section consistait entièrement de piles de Rouleaux de Parchemins
anciens, certains soigneusement roules très serres et lies, d’autres détachés
et à demi déroulés par le temps, la ou ils furent poses et ce depuis des siècles
et des siècles.
Aldrick aimait l’Histoire, mais il
voulait voir son père. De toute façon, Jarvus n’apprécierait pas un autre arrêt imprévu. Il continua donc, se
contentant de la vue et des odeurs des vieux parchemins, ainsi que des reliures
de tissus et de cuir des précieux livres. Presque tout ce qu’il voyait en
passant était recouvert d’une épaisse couche de poussière.
Les textes connus les plus anciens
et les plus rares, étaient consignés sur des tablettes d’argile et de rouleau
de Papyrus inscrits de pictogrammes et de motifs inintelligible de langues
mortes depuis très longtemps. Quelque soit l’Histoire et les contes de ces
anciennes civilisations qui étaient sur
ces tablettes étaient perdus à jamais, puisque personne en vie aujourd’hui ne pouvait les lire.
La plupart de ceux-là étaient
entreposés dans le Sanctum du Roi, une section, discrète et bien gardée, de la
grande bibliothèque d’Akkadia. Comme son nom l’indique, cette section était
accessible uniquement au Roi et à ses conseillers les plus proches.
Selon les rumeurs, au sein du Sanctum du Roi étaient gardes des objets incroyablement anciens et rares
–soigneusement empaquetés et protégés
avec de la paille- les origines desquels étaient depuis fort longtemps oubliées.
Les mystères fascinants qui demeurent sans résolution dans cette section
interdite, aguichaient son imagination, mais puisqu’il n’avait nul intention de
participer au Tournoi du Roi, ni de devenir Roi, il était peu probable qu’il
puisse les découvrir un jour.
Il se résolut a chercher a connaitre
le cadre des responsabilités d’un conseiller du Roi ; si être le
conseiller de Brodan lui donnerait accès au Sanctum du Roi, cela vaudrait
peut-être la peine de revenir vivre à Akkadia. Il pourrait se préoccuper de
comment en convaincre Jelénna plus tard.
La section arrière de la bibliothèque,
où la littérature était rangée était taillée dans la roche-mère, dans une des
plus basses sections du Palais, pour maintenir les conditions de l’air ambiant
le plus frais et le plus sec possible. Son attention fur ramenée au présent
alors qu’ils gravissaient les escaliers qui menait au salon de lecture à
l’avant de la bibliothèque, qui avait
été conçu pour que les gens puissent étudier, lire et se détendre.
Il y avait là, plusieurs tables de
bois et des fauteuils confortables disposés ça et là, devant un immense âtre de
cheminée en pierres taillées. Bordant et montant la garde sur le linteau, étaient
assis des Lions en pierre, qui parvenaient a paraitre majestueux et menaçants à
la fois. Le manteau au dessus de la cheminée
était énorme et y était pose une collection éclectique d’objets, y inclus des
vieux vases avec des dessins compliques, des statuettes de bois et de pierre
ainsi que quelques mécanismes en bois, un d’eux avec un pendule qui se balançait.
Bien que le soleil ne se fût pas
encore couché, un petit feu craquait dans la cheminée pour tempérer un peu le
froid des pierres de la bibliothèque caverneuse.
Assis a une table près de la cheminée,
était un homme d’un certain âge avec les cheveux blancs en brosse et une barbe
blanche tres courte. Il avait un visage bon, et portait un long habit simple et
propre. Il allumait une longue pipe de bois sombre quand ils apparurent au
sommet de l’escalier.
« Aldrick ! » Souri
l’homme quand il les vit. « Il était temps que tu arrives, qu’est-ce qui
t’a retenu ? »
« Bonjour Père »
« Grand-père ! » S’écria
Adrias, il courut vers lui et l’embrassa.
« Adrias, mon garçon,
regarde-toi ! Seigneur, comme tu as grandi. »
Radiant, le vieil homme embrassa
avec joie le garçon. Posant sa pipe, Tibérius
se leva et embrassa Jelénna. « Ma chère, comment vas-tu ? »
« Je vais bien Tiberius, tout considéré,» Soupira Jelénna.
Tiberius leva un sourcil, la
regardant elle d’abord puis Aldrick. « Tout considéré ? »
« Nous avons été
attaques » laissa échapper Adrias, encore une fois. Tirant sur la tunique
de son Grand-père, il ajouta d’une voix excitée. « Père a tué des méchants ».
Surpris, Tiberius se tourna vers
Aldrick. « Tu vas bien ? Je n’ai pas entendu de rapports sur des
bandits sur la route d’Ubarra depuis plusieurs Étés. »
« Ce n’étaient pas des
bandits » Aldrick clarifia. « C’étaient des assassins professionnels.
Je crois qu’il s’agissait d’une Triade. »
« Une Triade ? Par la
barbe de l’Omni-Père, tu en es sûr ? Aucune Triade n’a été vue depuis la
Grande Guerre. »
Aldrick agréa, « je sais, mais
les évidences sont concluantes »
« Il faut que tu me racontes
tout en détails. Viens, assieds toi et détend toi. »
Tiberius se tourna ver Jarvus qui se
tenait d’un cote de la pièce et plissait le nez. « Oh Jarvus, te voila. Pourrais-tu
nous apporter un peu de thé ? »
Jarvus se tint un moment sur place,
formulant une rétorque pendant que Tiberius s’assis avec sa famille, mais
voyant qu’il n’avait plus d’audience, choisit de tousser une seule fois avant
de se retirer.
« Jarvus et toi ne vous
entendez toujours pas ? » Aldrick s’enquit avec un soupçon de
sourire.
« Pas vraiment, » Tiberius
ricana. Il est efficace et scrupuleux, et il est au Palais depuis plus
longtemps que l’Omni-père lui-même, mais il est plus agaçant que jamais. »
Rallumant sa pipe avec une longue
brindille du feu de la cheminée, Tibérius écouta Aldrick décrire les évènements
de la veille. Jelénna garda le silence pendant qu’il parlait, mais des larmes
non-versées brillaient dans ses yeux.
Tibérius interrompit pour un éclaircissement :
« tu veux dire que les assaillants n’étaient que des enfants ? »
Aldrick secoua la tète :
« non, c’était des hommes adultes ; des assassins qui apparaissaient
comme des enfants uniquement a travers un trucage d’illusion. »
« Ce n’est qu’une fois
qu’Aldrick ait vaincu les assassins, que le sortilège se rompu et l’illusion
tomba,» dit Jelénna. « Au début, j’ai pense qu’Aldrick avait perdu la
raison en attaquant des enfants sans défenses. » Elle posa la main sur son
bras, lui présentant silencieusement, mais sincèrement ses excuses.
« Un sortilège ou un trucage
quelconque » dit Aldrick.
Tiberius hochait la tête
pensivement. «Je ne peux m’imaginer ce que ca pourrait être. Continue,
s’il te plait. »
Aldrick finit son histoire, puis récupéra
les objets qu’il avait découvert et les étala sur la table. « J’ai trouve ça sur son attaquant. »
Tiberius était clairement secoue par
l’histoire, mais jeta un œil sur les objets poses sur la table. Il prit la
liste des noms dans ses mains.
« Je connais la plupart de ces
hommes, en fait, il semble que ceci est en fait la liste de tous les nobles
d’Asturia. » Il parcouru du regard la page, lisant les noms. « Voila
qui intéressant. As-tu lu ça ? »
« Non, pas encore. »
Tiberius pointa du doigt le
parchemin. « Ton nom est sur la liste ici, sous le mien et celui Brodan,
mais le tiens est barré. »
« J’imagine ce que ça veut
dire… »
Tiberius continua à lire, jusqu'à ce
que ses yeux s’écarquillent de surprise. « Plusieurs noms sont rayés, mais
regarde celui-là ! »
Tibérius tourna le parchemin vers
Aldrick qui fut choqué de voir le nom que pointait son père. Il n’arrivait pas à s’imaginer ce qui était
implique par ce qu’il voyait, et relu le nom.
Même avec la rature, le nom était
encore lisible : Le Roi Hermannus.
Aldrick s’assit, bouche-bée. Il n’en
trouvait pas ses mots, mais Tibérius le devança. « Tu réalises ce que ceci
veut dire ? » Aldrick ne disant rien, il continua ; « J’ai
bien peur qu’il n’y ait qu’une seule explication à laquelle je puisse penser,
mon fils. Ceci est une liste d’hommes –tous Nobles, d’après ce que je peux
voir- ciblés pour assassinat. »
« Assassinat ? »
bredouilla Aldrick. «Qui pourrait bien être responsable de ça ?
Certainement pas une seule Triade, si c’est bien ce qu’ils étaient. Puisque mon
nom était rayé, je dirais qu’ils ont clairement vendu la peau de l’ours avant
de l’avoir tué. »
Jelénna ferma les yeux et le serra
encore plus fort dans ses bras, une seule larme lui coulant sur la joue.
Tiberius fronçait les
sourcils. « Peut-être qu’ils étaient si confiant de leur succès
qu’ils t’ont raye de leur liste avant même que l’affaire ne soit faite. »
Un défaut a sa conclusion vint a
l’esprit d’Aldrick. « Mais le Roi Hermannus est décédé de mort
naturelle. »
Tibérius se força à sourire, mais
c’était sans humour. « Vraiment ? Tu en es sûr ? »
Aldrick leva un sourcil,
« C’était sur le rapport officiel. »
Tiberius consentit.
« Oui, ça l’était, mais en vérité, personne ne le savait avec certitude.
Les symptômes de la maladie, que contracta le Roi Hermannus, n’avaient jamais
été vus auparavant et Docteur Quintus n’a jamais pu arriver a une conclusion
quant a la cause du décès. Personne
d’autre n’a eu les mêmes symptômes, donc il a été jugé que ce n’était pas
transmissible, pas contagieux. Sans aucune évidence du contraire, il fut
force de conclure que le Roi pérît d’une mort naturelle. »
Tiberius fit un geste avec sa pipe
et continua. « Pourtant, Hermannus avait été en parfaite santé jusque la. Les circonstances étaient si
suspectes que le doute en est toujours resté. La recherche continue, mais autant
que je sache, ni Quintus ni quiconque, n’est prêt de résoudre l’énigme. »
« Pour quelles raisons
quelqu’un voudrai tuer le Roi, père ? » Adrias demanda tout à coup.
« Je ne sais pas Adrias,
pourquoi n’irais-tu pas te chercher un livre à lire. Adrias se mit à bouder
mais Jelénna intervint. « C’est une excellent idée. Viens Adrias. »
Aldrick ne connaissais pas les
circonstances de la mort du Roi Hermannus, mais elles semblaient corroborer la
conclusion de son père par rapport a la liste. Cependant, il hésitait encore à décider
sans plus d’évidences.
« Et à propos des autres noms
rayés de la liste ? »
Tibérius scruta rapidement la liste à
nouveau et secoua la tête. « Je n’en suis pas sûr. Deux de ces hommes ont
leurs propriétés dans le Nord d’Asturia. Avec l’hiver, on n’a peut être pas
encore reçu les nouvelles de leur mort, si elle est récente. Les autres
sont des Nobles moins connus, du Nord et des régions avoisinantes. Je vais
me renseigner au sujet de ces derniers. »
Aldrick se gratta le
menton. « C’est vraiment troublant, mais ayons la preuve définitive
de la mort de ces hommes avant de nous prononcer avec certitude sur ce dont il
pourrait s’agir. »
« Troublant ? Aldrick,
ceci pourrait être la preuve que le Roi Hermannus fut assassine ! Si c’est
vrai, ça confirmerai aussi qu’hier n’était pas un accident, mais une tentative
de meurtre planifiée bien en avance ! Considérant que mes collègues
conseillers et moi sommes également sur la liste, nous devrions très
certainement prendre cela au sérieux. »
« Ce n’est pas encore une
preuve, mais je suis d’accord, nous devrions le prendre au sérieux. J’espère
encore que ce n’est pas ce que nous pensons. Tiens-moi au courant de ce que tu découvres. »
Tiberius accepta, tirant sur sa
pipe. « Considère-le comme fait. »
Aldrick indiqua l’objet dore en
forme de pyramide sur la table. « Voila qui est unique, qu’en
penses-tu ? »
Tiberius posa la liste de noms à
contrecœur, ramassant l’objet, il le retourna dans ses mains.
« La forme de la pyramide est
un ancien symbole de puissance, bien que ce manchon casse a la base est
inhabituel, on dirait presque une poignée avant qu’il ne soit casse. Je n’ai
aucun souvenir d’avoir vu quelque chose de similaire avant. »
Jarvus revint avec un plateau
d’argent chargé de gâteaux au miel, une théière et quatre tasses. Posant le
plateau au centre de la table, il entreprit de servir leur le the.
« Et que penses-tu de ça? »
demanda Aldrick, tendant à son père, le
vieux parchemin blanc.
Tibérius déroula le vieux morceau de
parchemin, regardant les deux cotes. Il était perplexe. Haussant les épaules il
répondit : « C’est un morceau de parchemin vide. C’est un
blanc. »
Aldrick s’appuya le dos a sa chaise.
« C’est évidemment un parchemin blanc, mais qu’est-ce que ça veut
dire ? »
« Je ne te suis pas. »
Aldrick reprit le parchemin et
pointa du doigt les coins. « Regarde l’âge de ce parchemin, et les taches
indiquent qu’il a été beaucoup utilisé. Pourquoi au nom de l’Omni-Père,
porterait-on sur soi un morceau de parchemin ancien complètement
vide ? »
Tibérius s’empara du parchemin à
nouveau, le retournant soigneusement, « Je n’en ai aucune idée, Aldrick. Ça ressemble à une page blanche toute
simple, pour moi. »
« C’était enroulé et gardé
dans une poche, et je pense que ca peut être très important. Pourrais-tu le
faire examiner par quelqu’un ?
Tibérius consentit de le faire, mais
fut interrompit par une toux forte de la part de Jarvus qui fit écho sur les
caverneux murs de pierre de l’immense bibliothèque. « J’ai tout simplement
horreur de me voir forcé d’interrompre votre scintillante conversation, mais
aimeriez-vous quelque choses d’autre ? »
Aldrick secoua la tête, ignorant le
sarcasme une fois de plus.
Jelénna revint avec Adrias, qui
avait plusieurs livres poussiéreux sous le bras. « On est fatigué tous les
deux. Nous allons retourner à notre chambre et je vais mettre Adrias au
lit. »
Aldrick approuva « C’est une très
bonne idée, mon amour. Je vous y rejoindrai bientôt. »
Jelénna avait l’air fatigué, mais
souriait et se pencha pour embrasser Aldrick. Serrant Tibérius dans ses bras
puis se tourna vers Jarvus « Après vous ? »
Jarvus répondit d’une profonde révérence
en disant : « J’ai cru que vous ne me le demanderiez
jamais. » Il pivota sur ses talons et les mena hors de la pièce.
Aldrick se tourna vers Tibérius.
« Que se passe-t-il avec Brodan ? Il a l’air encore plus détaché de
la réalité que jamais. Je réalise bien que les responsabilités supplémentaires
qu’il a héritées après la mort de son père sont un fardeau, mais il avait l’air
encore plus égocentrique que d’habitude. Pendant le diner, il a tellement bu
qu’il en a sombre d’inconscience. »
Tibérius jouait pensivement avec sa
pipe. « Je ne peux pas dire que j’ai remarqué une grande différence, mais
j’ai toujours pensé qu’il était trop arrogant pour son propre bien, et je tends
à l’éviter tant que je peux. Ça pourrait être le Tournoi du Roi, il essayé de
le cacher mais je sais qu’il est sous un immense stress. Tant en fait, qu’il me
fait rechercher des précédents légaux où un héritier est monté sur le Trône
sans avoir a remporter le Tournoi.
« Il essaye de
tricher ? J’espère que tu ne projettes pas de l’aider ! »
Tibérius lui fit un clin d’œil et
leva le livre qu’il avait devant lui afin qu’Aldrick puisse en lire le titre.
Le livre qu’il tenait dans ses mains était ‘Les Aventures de Enkidu.’
Aldrick s’esclaffa. « C’était
l’un de mes livres préférés quand j’étais enfant ! je doute que tu puisses
y trouver des précédents. »
Tiberius reposa le livre avec un
long soupir dramatique et moqueur. « C’est surprenant, je n’ai pas
encore trouvé grand-chose. C’est vraiment dommage bien sûr, mais je ne suis pas
le genre a baisser les bras si facilement. »
Aldrick sourit et repris l’objet en
forme de pyramide. « Il y a quelque chose au sujet de cet objet que
je trouve curieux. Cela semble être très ancien. »
Tibérius posa a nouveau son livre
sur la table. Je ferais quelques
recherches. Peut être qu’un de mes collègues saura quelque chose. »
Aldrick baillât. « Très
bien. »
Tibérius ramassa sa pipe. « Je
m’en vais au marché, acheter du tabac, tu veux m’accompagner ? »
Aldrick acquiesça et récupéra tous
les objets qu’il avait déposés sur la table. Il hésitait à s’en séparer, mais
le besoin l’emporta et il confia les objets a son père malgré lui. Tiberius
fourra les objets dans son sac, accompagnes de sa pipe et un énorme livre relié
de cuir et gravé d’or fin. Ensemble ils sortirent par les lourdes portes de
bois qui dominaient l’avant de la bibliothèque.
Le soleil commençait à se coucher,
et Aldrick respira profondément. Autant il aimait aller à la bibliothèque, autant il trouvait
l’air froid du soir, rafraîchissant après l’air renfermé de la bibliothèque.
Ils descendirent une pente raide, en
direction du marché, laissant inconsciemment derrière eux les sujets de
conversation trop sérieux. Ils bavardèrent plaisamment au sujet de la famille,
de la vie paisible à Ubarra et le temps qu’il faisait.
Aldrick s’émerveillait de la foule
qui se promenait dans les rues de la ville en vue du prochain Tournoi. Akkadia
n’était pas une ville étrangère aux flux
intenses de visiteurs, étant donné que
c’était la Capitale d’Asturia et centralement localisée, c’était un grand carrefour
de commerce sur le grand fleuve Tianna.
Malgré tout, il était relativement
certain, que la ville n’avait pas vu autant de monde bonder ses rues depuis
vingt Étés, du moins pas depuis le dernier Tournoi du Roi.
Entrant sur la place du marche, ils
furent inondes par les sons et la vue de tous les marchands, clamant a tous
vents, les mérites de leurs camelote et les acheteurs prospectifs marchandant
haut et fort le prix des produits qui leurs étaient proposes. Il y avait des
Stand temporaires érigés de partout, avec des forains de toutes les
descriptions, cuisinant une grande variété de plats.
La fumée des feux de cuisson
flottait par ci par la, piquant les yeux, alors que les aromes délicieux tentaient
le nez du passant. Si Aldrick n’avait pas été si repu de son extravagant diner
de réception au Palais, il aurait été enclin à gouter quelques uns de la variété
des délices. Mais tel qu’il se sentait, la combinaison de la fumée et des
odeurs pugnaces, ne faisaient que lui tourner l’estomac.
Tiberius s’arrêta devant un établissement
qui avait l’air plus permanent. L’enseigne grinçante, façonnée en forme de cigare
et qui pendait au-dessus de la porte, indiquait qu’il s’agissait d’un marchand
de tabac. Aldrick décida d’attendre dehors et de se distraire a admirer,
en s’émerveillant, le dédale des allées
que formaient les tentes et comptoirs éclectiques et les gens encore plus étranges
qui fourmillaient autour de ces
derniers.
Il regardait un moment un jongleur
et ses balles aux multiples couleurs criardes, pendant que le soleil alla
lentement se cache au delà de l’horizon. Dans l’autre direction, il aperçût un
stand de l’autre cote de la rue, avec une étagère chargée de livres, éclairée
par une vieille lampe à huile poussiéreuse.
Aguiché à sa vue, il commençait à
s’y diriger quand il entra abruptement en collision avec un étranger qui se déplaçait
rapidement. L’homme était grand et musclé, et habillé de vêtements sombres et
sans particularité aucune avec une grande capuche qui recouvrait une grande partie
de son visage, à l’exception de ses remarquables yeux bleus. Sa taille, ajoutée
à la vitesse à laquelle il se déplaçait, les jeta tous les deux à terre parmi
ses jurons véhément vociférés.
Un autre homme – maigrichon et dégingandé
- les aida a se relever. Aldrick avait été un peu secoue par la rencontre
accidentelle, mais pour éviter tout conflit, prit vite le blâme pour l’incident
présenta ses excuses pendant que l’étranger brossait le devant de son doublet.
« Toutes mes excuses, je ne
vous avais pas vu. »
Une brève lueur de menace flasha a
travers le regard intense des yeux d’azur, et puis disparue. Tout ce qu’il dit
fut : « C’est bon. »
« Ce qu’il veut dire, » le
gringalet interjeta, « c’est qu’il vous présente lui aussi ses excuses
pour l’incident, et que ca ne serait pas arrivé s’il n’avait pas été si pressé,
pour commencer.
L’étranger encapuchonné foudroya du
regard son compagnon. « Est-ce la ce que j’ai voulu dire ? C’est étrange,
puisque je n’ai aucun souvenir de la sorte ! »
Le maigrelet répondit en haussant
les épaules seulement et en souriant nerveusement. Aldrick perçût qu’il avait interrompu
une dispute et décida qu’il serait pour le mieux de s’excuser et prendre son congé.
« Peu importe, vous avez mes sincères excuses. »
L’étranger leva la main comme si il
allait répondre, mais l’homme étriqué s’empressa de dire « Aucun problème,
il va bien. Nous allons bien tous les deux. Il faut qu’on s’en aille de toute
façon. Que la paix de l’Omni-Père soit avec vous monsieur. »
Avec une main sur le bras du
costaud, il tenta faiblement de faire suivre son chemin à l’étranger.
« Que la paix de l’Omni-Père
soit avec vous, » répondit traditionnellement Aldrick. Il pouvait juste
entendre une bribe de leur conversation avant que le son ne soit emporté, alors
qu’ils disparaissaient dans la foule. « Ne vas pas dire aux gens ce que je
veux dire ! Je peux parler pour moi-même. »
« Tu n’as pas à me dire… »
Se brossant, Aldrick considéra un moment
la rencontre inhabituelle. Il reprenait
a peine son sang-froid quand son père revint de chez le marchant de
tabac.
Tiberius avait un petit paquet dans
une main et lui tapa sur l’épaule de l’autre main. « Prêt a
partir ? Tu as l’air distrait. »
Aldrick se passa les doigts sur ses
cheveux coupes en brosse et hocha la tête. « Ca va, je viens juste de
faire une rencontre bizarre. »
« Avec qui donc ? »
Aldrick secoua la tête. « Je
n’ai aucune idée, mais quelque chose me dit que je devrais. »